samedi 26 juillet 2014

ISRAËL-PALESTINE : L'IMPOSSIBLE COHABITATION PACIFIQUE ?

Depuis 1948, soit  66 ans ans à ce jour, les relations entre l'Etat d'Israël et son voisin palestinien sont rythmés par des guerres officielles et de trop rares périodes de paix larvée qui servent à préparer la prochaine guerre.

Au moment où une première trêve de 12 heures, après 18 jours de combats et près de 1000 morts dont l'écrasante majorité à Gaza, a été acceptée par les deux parties, les négociations qui devraient s'engager, une nouvelle fois, vont-elle aboutir à un accord de paix entre les deux belligérants historiques  ?

Si la construction européenne a un sens et une réalité aujourd'hui, c'est parce qu'elle repose sur la réconciliation franco-allemande qui en est la pierre angulaire. La CECA et les jumelages franco-allemands ont permis de bâtir ensemble une oeuvre commune. 

A la base de la réconciliation franco-allemande, après 3 guerres, dont 2 mondiales, il y a le pardon des fautes de l'Autre, mais pas nécessairement l'oubli. Il y a la reconnaissance de la figure de l'Autre comme celle de l'ami d'aujourd'hui et non plus l'ennemi éternel.

A cet égard, à la lecture du magazine l'Express de la semaine dernière on pouvait y lire un entretien avec l'historien et intellectuel Zeev Sternehell. A la question : " N'y a-t-il pas une difficulté pour les Israéliens à penser l'Autre ?", la réponse est la suivante : " Si, depuis toujours. Nous peinons à nous placer sur le plan des valeurs universelles. Nous refusons de voir que le droit d'être maître de son sort est un droit dont devraient également bénéficier les Palestiniens. Cet aveuglement nous a parfois rendu service; il a été un élément de notre force et de notre puissance. Mais, ce qui était légitime, car nécessaire jusqu'en 1949, a cessé de l'être une fois qu'Israël a été formé. Depuis lors, la poursuite du processus de conquête a perdu toute légitimité, juridiquement et moralement." 

il ne peut y avoir de paix juste et durable entre les deux belligérants si le plus fort, l'Etat d'Israël, ne tend la main en proposant la création d'un Etat palestinien viable avec une économie forte en contrepartie de la reconnaissance de l'Etat d'Israël dans ses frontières et l'arrêt de tout violence contre ses habitants. Alors seulement, on peut imaginer des sujets d'intérêts communs qui permettent une action commune sur le modèle de la CECA en mettant en commun des richesses à valoriser (l'eau ?) pour développer, non pas un pays ou l'autre, mais la région prise comme un ensemble politique supranational. 

Alors, pour paraphraser Saint-Paul, il n'y aura, ni Juif, ni Arabe, mais des hommes de bonne volonté mus par un intérêt commun qui les dépasse, en charge de valoriser une terre commune et de la faire vivre dans le respect de l'environnement pour les générations futures.

A ce jour, c'est encore un rêve lointain, mais la haine et le ressentiment ne peuvent produire autre chose que la désolation, la mort et la désespérance. 

Aux hommes de paix, de montrer le chemin. Peut-être que les semaines et mois qui viennent vont permettre de dépasser le jusqu'au-boutisme du gouvernement de Benjamin Netanyahou et la folie vengeresse du Hamas ? Et si un plus jamais cela ! se faisait entendre ?








mardi 8 juillet 2014

LE VIVRE ENSEMBLE CONFORTE PAR LE JUGE FRANCAIS ET LE JUGE EUROPEEN

Deux arrêts, l'un de la Cour européenne des Droits de l'Homme de Strasbourg et l'autre de la Cour de Cassation a quelques jours d'intervalle se sont prononcés sur la manière dont la République conçoit le port de signes religieux par les femmes de confession musulmane. 

Dans son arrêt du 1er juillet 2014, le juge européen devait se prononcer sur le pourvoi qui avait été déposée le 11 avril 2011 par une Française musulmane de 24 ans qui portait tantôt la burqa (qui couvre entièrement le corps, avec une grille au niveau du visage), tantôt le niqab (qui couvre le visage à l’exception des yeux). La jeune femme indiquait que personne n’avait exercé de pression sur elle, et qu’elle portait l’un ou l’autre de ces voiles chez elle ou à l’extérieur, « mais pas de façon systématique », et qu’elle souhaitait s’habiller comme bon lui semblait.

Elle critiquait  la loi française du 11 octobre 2010, qui interdit le voile dans l’espace public en invoquant trois articles de la Convention européenne des droits de l’homme, l’article 8 (droit au respect de la vie privé et familiale), l’article 9 (droit à la liberté de pensée et de religion) et l’article 14 (interdiction des discriminations). Elle avait ajouté, pour faire bonne mesure, l’interdiction des traitements inhumains et dégradants et la liberté de réunion. 

La CEDH juge que la loi française constitue bien « une ingérence permanente » du droit au respect à la vie privée et à celui d’exercer librement sa religion. Mais elle estime que cette ingérence poursuit « deux des buts légitimes » prévus par la Convention : la « sécurité ou la sûreté » publique et la « protection des droits et libertés d’autrui ». La Cour estime de façon un peu jésuitique que l’interdiction du voile « n’est pas explicitement fondée sur la connotation religieuse des vêtements, mais sur le seul fait qu’ils dissimulent le visage ». Et que par ailleurs la sanction (150 euros maximum) est « parmi les plus légères » que la loi pouvait prévoir. 

 


L'arrêt de la CEDH a été précédé par l'arrêt du 25 juin 2014  de la Cour de cassation dans l'affaire de la crèche Baby Loup. Elle s'est prononcée sur une affaire qui remonte au 19 décembre 2008, date à laquelle Fatima Afif, salariée de la crèche, est licenciée pour « faute grave » en raison de son souhait de porter le voile sur son lieu de travail à son retour de congé maternité. Dans l'épilogue de cette affaire qui a duré  5 ans et demi, la cour rappelle que selon le code du travail une entreprise privée, ou une association dans le cas de la crèche, peut restreindre la liberté du salarié de manifester ses convictions religieuses, si cela est justifié par « la nature de la tâche à accomplir » et si la mesure est « proportionnée au but recherché ». Précisément, Baby Loup avait adopté un règlement intérieur, qui précisait que « le principe de la liberté de conscience et de religion de chacun des membres du personnel ne peut faire obstacle au respect des principes de laïcité et de neutralité qui s'appliquent dans l'exercice de l'ensemble des activités ».

 

Ces deux arrêts viennent conforter le principe de laïcité "à la française" qui signifie que la République n'accepte pas que des signes religieux pénètrent dans l'espace public comme la Burqa et au sein d'une crèche qui répond au principe de neutralité. La religion relève de l'espace privé ou des lieux de cultes et est une affaire personnelle et individuelle même si les grandes religions monothéistes et les grands courants de pensée spirituels ont leur mot à dire sur la manière de vivre ensemble. 

La cohabitation du Christianisme et du Judaïsme avec le développement de la religion musulmane depuis ces dernière décennies est un défi pour la République qui doit être capable de privilégier un vivre ensemble harmonieux. Cela implique un sens du compromis politique, de part et autre, dans un dialogue sincère et respectueux de l'identité de chacun, pour distinguer l'essentiel de l'accessoire (on peut être une bonne musulmane sans porter le voile islamique qui est une prescription mineure du Prophète comme le rappelait le Recteur de la Grande Mosquée de Bordeaux, Tareq Oubrou, lors d'une conférence à Orléans) et faire prévaloir l'esprit sur la lettre du texte religieux. C'est naturellement plus difficile que de prôner le rejet de l'Autre comme le font les partis nationalistes ou extrémistes. 

 

Un gouvernement qui saurait faire diminuer de façon structurelle le chômage et parviendrait faire baisser le nombre de pauvres ou de laissés pour compte ferait plus pour le vivre ensemble que tous les discours et parviendrait à réduire le rôle des extrémismes religieux et politiques quand la croissance économique permettait une répartition des richesses de façon plus égalitaire.