Le quotidien Libération, daté du 27 août 2013, publie la tribune de Pascal Canfin, Ministre délégué auprès du ministre des Affaires étrangères, chargé du Développement, sous le titre " Contribution climat énergie : une réforme de Gauche" que je reproduis intégralement..
"Certaines voix, à gauche, critiquent la mise en place de la contribution
climat-énergie annoncée par le gouvernement, au nom de la défense des
ménages ruraux à faible pouvoir d’achat. Ces critiques sont, à mes yeux,
un contresens. Car c’est justement l’instauration d’une fiscalité
écologique qui doit permettre de dégager une partie des recettes
nécessaires pour aider les ménages ruraux ou périurbains à se sortir du
piège de l’augmentation de la facture d’énergie dans lequel ils sont
aujourd’hui enfermés, qu’ils résident en Poitou-Charentes ou ailleurs.
Concrètement de quoi parle-t-on ? La contribution climat-énergie
consiste à renchérir le coût des émissions de gaz à effet de serre qui
provoquent le changement climatique pour, en contrepartie et en
parallèle, réduire d’autres impôts, comme ceux pesant sur le travail ou
ceux pesant sur la consommation de produits qui sont, eux
écologiquement, vertueux. Les arbitrages seront rendus dans les
prochains jours. Mais il pourrait s’agir, à titre d’exemples, de
financer par une partie de la contribution climat-énergie des aides à
l’achat de voitures propres, neuves ou d’occasion, la baisse de la TVA
sur les travaux de la rénovation thermique ou encore des aides pour
passer d’un chauffage au fuel extrêmement onéreux à un système beaucoup
plus économique et propre comme une pompe à chaleur. Quels que soient
les arbitrages qui seront pris par le Premier ministre, il s’agit bien,
on le voit, de redistribuer l’intégralité des recettes liées à la
contribution climat-énergie. Il n’y a donc pas d’impôt supplémentaire
mais bien une transformation progressive de la structure de l’impôt pour
le rendre plus intelligent et plus adapté à ce grand défi qu’est la
nécessaire transition écologique de notre économie.
Concrètement de combien parle-t-on ? Là encore, les décisions seront
prises dans les prochains jours mais imaginons que cette contribution
climat-énergie soit fixée à 15 euros la tonne de CO2 la première année.
Cela représente un surcoût pour un ménage de 3 à 4 euros par mois.
Est-ce que ça marche ailleurs ? Oui, la France est même à la traîne en
Europe, avec la Roumanie et l’Espagne. Les pays qui ont instauré cette
réforme de leur fiscalité, le Danemark, la Suède, les Pays-Bas ou encore
l’Allemagne, s’en sortent mieux que nous. Parce que la fiscalité
écologique permet à la fois de baisser le «coût du travail», donc
d’améliorer un des facteurs de compétitivité, et de favoriser les
alternatives à la consommation d’énergie importée, donc de réduire le
déficit commercial. En 2012, la France a dépensé près de 70 milliards
d’euros pour acheter du gaz et du pétrole à l’étranger. En 2002, la
facture n’était que de 20 milliards d’euros. C’est donc une saignée sur
l’économie française, qui chaque année nous appauvrit individuellement
et collectivement. Une famille française avait dépensé 3 000 euros en
moyenne en 2011 pour se chauffer et se déplacer. Elle a dû dépenser
200 euros de plus en 2012 en raison de la montée inexorable des prix de
l’énergie.
Reprenons maintenant l’exemple d’une famille modeste qui habite dans une
zone éloignée d’un centre-ville et qui est donc supposée être la
première victime de la contribution climat-énergie. Cette contribution
de quelques dizaines d’euros par an prélevées sur chaque ménage en
France va précisément servir à l’aider à s’émanciper du piège des
dépenses contraintes en finançant pour plusieurs centaines d’euros voire
davantage, l’achat d’un véhicule d’occasion plus propre, le
remplacement de sa cuve à fuel, etc. Les ménages précaires sur le plan
énergétique gagneront à l’évolution de notre fiscalité. D’autant que
cette contribution climat-énergie n’est pas isolée. Elle fait partie
d’un plan massif du gouvernement, conduit notamment par Cécile Duflot et
Philippe Martin, pour financer l’isolation des logements, la création
d’alternatives à la voiture individuelle même en zone périurbaine, etc.
Ma conviction est donc simple : s’opposer aujourd’hui à cette
contribution, c’est enfermer les familles dans un piège. La soutenir,
c’est les en libérer."
Avec la Contribution climat énergie, il s'agit de changer les comportements de nos concitoyens pour qu'il soient incités fiscalement à préférer un comportement écologique à un comportement qui contribue à l'émission de CO2. Comment ? En mettant en place un impôt plus intelligent, sans l'augmenter. Concrètement, en augmentant l'impôt sur les pollutions et en contrepartie en faisant baisser d'autres impôts.
On se souvient des raisons pour lesquelles le gouvernement de François Fillon, en 2009, avait abandonné la défunte taxe carbone. L'argument donné était surprenant. Au lieu de prendre la tête des pays en Europe qui montrent l'exemple, la France considérait qu'il s'agissait d'une décision à adopter au niveau de l'Union européenne, tout en sachant pertinemment qu'il n'existait pas une majorité d'Etats pour qu'une décision en ce sens soit prise. Bien plus, le texte délibéré au Parlement était censuré par le Conseil constitutionnel car il exonérait de cet effort fiscal les grandes entreprises.
Et si la Gauche, sous la pression des écologistes, réussissait là où la Droite de Nicolas Sarkozy a trahi sa promesse électorale de 2007 ?
Avec la Contribution climat énergie, il s'agit de changer les comportements de nos concitoyens pour qu'il soient incités fiscalement à préférer un comportement écologique à un comportement qui contribue à l'émission de CO2. Comment ? En mettant en place un impôt plus intelligent, sans l'augmenter. Concrètement, en augmentant l'impôt sur les pollutions et en contrepartie en faisant baisser d'autres impôts.
On se souvient des raisons pour lesquelles le gouvernement de François Fillon, en 2009, avait abandonné la défunte taxe carbone. L'argument donné était surprenant. Au lieu de prendre la tête des pays en Europe qui montrent l'exemple, la France considérait qu'il s'agissait d'une décision à adopter au niveau de l'Union européenne, tout en sachant pertinemment qu'il n'existait pas une majorité d'Etats pour qu'une décision en ce sens soit prise. Bien plus, le texte délibéré au Parlement était censuré par le Conseil constitutionnel car il exonérait de cet effort fiscal les grandes entreprises.
Et si la Gauche, sous la pression des écologistes, réussissait là où la Droite de Nicolas Sarkozy a trahi sa promesse électorale de 2007 ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de faire part de vos remarques et commentaires dans le respect de la loi dans un souci de dialogue constructif et respectueux de chacun.
Philippe DELOIRE