1. Le calcul des pollutions atmosphériques constatées.
L’analyse couvre les établissements industriels tels que les grandes centrales électriques et les raffineries, mais aussi les combustions résultant des activités de fabrication, les processus industriels, les déchets et certaines activités agricoles.
Pour parvenir à un tel résultat, l'AEE, située à Copenhague, se base sur le Le registre européen des rejets et des transferts de polluants (E-PRTR) est le nouveau registre européen qui propose des données environnementales clés facilement accessibles à propos d'établissements industriels des États membres de l'Union européenne, ainsi que d'Islande, du Liechtenstein, de Norvège, de Serbie et de Suisse. Il s'inscrit dans le cadre de la convention d'Aarhus de l'ONU sur l'accès de la population à l'information en matière d'environnement.
Le grand public a donc le droit de disposer d'informations contenues dans ce registre qui comporte pour chaque établissement, des informations à propos des quantités de rejets de polluants dans l'air, l'eau et le sol, ainsi que les transferts hors du site de déchets et de polluants dans les eaux usées, sur la base d'une liste de 91 polluants clés incluant les métaux lourds, les pesticides, les gaz à effet de serre et les dioxines pour les années 2007 à 2010.
Le calcul est effectué sur la base d'une fourchette des coûts estimés résultant des rejets de polluants atmosphériques tels qu’ils ont été déclarés par près de 10 000 établissements auprès de l’E‑PRTR.
Les éléments pris en compte sont des polluants atmosphériques régionaux [NH3, NOx, PM10, SO2, composés organiques volatils non méthaniques (COVNM)], des métaux lourds (arsenic, cadmium, chrome, plomb, mercure et nickel), des micropolluants organiques [benzène, hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP), dioxines et furanes] et le CO2.
2. Des résulats à nuancer.
2.1. Les types de polluants.
Selon l'AEE, "Les émissions de dioxyde de carbone (CO2) représentent la majeure partie de l’ensemble des coûts, à savoir environ 63 milliards d’euros en 2009. Les polluants atmosphériques qui contribuent aux pluies acides et peuvent provoquer des problèmes respiratoires, par exemple le dioxyde de soufre (SO2), l'ammoniac (NH3), les particules (PM10) et les oxydes d’azote (NOx), sont responsables de dommages à hauteur de 38 à 105 milliards d'euros par an." Faut-il insister sur la nécessité d'une économie décarbonée comme le réclame les Ecologistes de longue date ?
2.2. Les pays dont les établissements industriels sont les plus polluants ne sont pas ceux que l'on croit.
Naturellement, les pays comptant un nombre élevé de grands établissements, comme l’Allemagne, la Pologne, le Royaume-Uni, la France et l’Italie, sont ceux ayant contribué le plus au coût total de ces dommages. La carte plus haut montre bien la concentration des équipements industriels qui épouse en grande partie la fameuse banane bleue de la Datar qui correspond aux zones de prospérité de l'Europe rhénane.
Cependant, comme le montre l'AEE si on ne raisonne plus en valeur absolue et si l’on pondère les coûts afin de refléter la productivité de l’économie de chaque pays, le classement change de manière significative. Les émissions de pays comme la Bulgarie, la Roumanie, l’Estonie, la Pologne et la République tchèque sont alors relativement plus importantes en ce qui concerne le coût des dommages. Ainsi, cela exprime la passé industriel glorieux de l'Europe de l'Est à une époque ou produire plus était le seul mot d'ordre, peut importe la pollution engendrée. Malgré l'aide fournie par l'UE à l'égard de ces pays devenus membres de l'UE au 1er mai 2004 pour moderniser leur appareil de production, il subsiste encore des cathédrales industrielles polluantes ou qui ne sont pas encore aux normes prévues par l'Union européenne.
Ainsi, comme l'écrit l'AEE : "Les trois quarts des coûts totaux résultent des émissions de 622 établissements industriels seulement, soit 6 % du nombre total. Les établissements dont les émissions sont les plus coûteuses figurent en général parmi les plus grands d’Europe et rejettent la plus grande quantité de polluants."
2.3. Les types d'industries concernés.
Selon l'AEE, "Les émissions des centrales électriques représentent la plus grande part des coûts (de l’ordre de 66 à 112 milliards d’euros). Les autres principales sources de coûts sont les processus de production (23 à 28 milliards d’euros) et les combustions résultant des activités de fabrication (8 à 21 milliards d’euros)." Elle précise que les coûts de production auraient été plus élevés si elle avait tenu compte "des transports, du secteur des ménages et de la plupart des activités agricoles."
3. On ne nous dit pas tout !
Selon le professeur, Mac Glade, directeur exécutif de l'AEE, «Les coûts estimés sont calculés à partir des émissions déclarées par les établissements eux‑mêmes. En utilisant les outils existants employés par les décideurs politiques pour estimer le préjudice pour la santé et l’environnement, nous avons révélé certains des coûts dissimulés de la pollution. Nous ne pouvons nous permettre d’ignorer ces problèmes.».
4. Et si les écologistes avaient raison ?
C'est un des points forts de la pensée écologiste que d'avoir, depuis longtemps, établi un lien entre la santé et l'environnement dans lequel nous vivons. Ce qui pouvait paraître une utopie il y a un demi siècle environ, se vérifie chaque jour davantage, car désormais on dispose de moyens scientifiques et techniques sophistiqués pour vérifier ce qui n'a été longtemps que des hypothèses.
Voir l'exposé de Michèle Rivasi en deux parties sur le thème la santé et l'environnement, le 19 février 2010, à Tours, lors de la campagne électorale EELV dans le cadre des élections régionales.
Michele Rivasi : la santé et l'environnement... par
Michele Rivasi : la santé et l'environnement (2e... par EuropeEcologieRegionCentr
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Philippe DELOIRE