dimanche 5 avril 2015

LES CONSEQUENCES DE L'ARRIVEE AU POUVOIR EN 2017 EN 3 MAUX : LE REPLI SUR SOI, LA HAINE DE L'ETRANGER, LE RECUL DE LA FRANCE.

Dans son blog de l'Express.fr, daté du 25 mars  2015, Jacques Attali, à la rubrique "Perspectives" sous le titre "Voulez-vous vraiment de cette France -là ?" analyse de façon clair et synthétique les conséquences de l'arrivée à la Présidence de la République de Marine Le Pen qui exercerait un premier mandat de mai 2017 à 2022. 

 http://blogs.lexpress.fr/attali/2015/03/23/voulez-vous-vraiment-de-cette-france-la/ 

1) La fermeture des frontières ou l'illusion de la souveraineté retrouvée. 

Le Front National prône dans son programme de gouvernement la sortie de la France de l'Union européenne et la sortie de la zone Euro.

Première remarque, la sortie d'un Etat-membre de l'Union européenne est prévue par l'article 50 du Traité de l'Union européenne qui dispose :

"1. Tout État membre peut décider, conformément à ses règles constitutionnelles, de se retirer de l'Union. 2. L'État membre qui décide de se retirer notifie son intention au Conseil européen. À la lumière des orientations du Conseil européen, l'Union négocie et conclut avec cet État un accord fixant les modalités de son retrait, en tenant compte du cadre de ses relations futures avec l'Union. Cet accord est négocié conformément à l'article 218, paragraphe 3, du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne. Il est conclu au nom de l'Union par le Conseil, statuant à la majorité qualifiée, après approbation du Parlement européen."

Il s'agit donc d'un départ négocié qui vise à remettre dans la situation où il était avant de devenir membre de l'Union européenne. Cela ne pose donc aucun problème politique, juridique ni économique. 

Les conséquences de la non-appartenances de la France seraient au nombre de 2

1) Perte des subventions européennes en faveur des agriculteurs français (64 milliards d'€ de 2014 à 2020 dans le cadre du Cadre Financier Pluriannuel 2014-2020).  

2) Perte des 4 libertés de circulation qui constituent le marché intérieur français, liberté de circulation des personnes, des capitaux, des services et des marchandises. Par exemple, la France ne bénéficiera plus du programme Erasmus +. Cela concerne  la mobilité des apprenants et du personnel: possibilités offertes aux étudiants, stagiaires, jeunes et volontaires, ainsi qu’aux professeurs, enseignants, formateurs, animateurs socio-éducatifs, personnel des établissements d’enseignement et organisations de la société civile d’entreprendre une expérience professionnelle ou un apprentissage dans un autre pays. 

3) La France ne bénéficierait plus des Fonds structurels européens se privant d'une enveloppe de 27 milliards d'€ pour la période 2014-2020 dont 15,5 au titre du FSE/ FEDER, 11, 4 au titre du FEADER et  588 millions d'€ au titre du FEAMP. Au 30 mars 2015, selon  la DATAR, 103679 projets ont reçu un soutien de l'Union européenne pour un montant de 45 744 800 407 euros. Voir : http://cartobenef.asp-public.fr/cartobenef/ 

4) La France perdrait le relais de puissance sur le plan diplomatique que lui confère son poids dans les Institutions de l'Union européenne (Conseil européen, Conseil, Parlement européen, Commission européenne, Cour des Comptes européenne...). 

5) Sur le plan budgétaire, elle ne verserait plus sa contribution nationale de l'ordre de 22 milliards d'€ cette année contre un bénéfice de l'ordre de 13 milliards d'€, soit un gain de 9 milliards d'€, comparé au budget de la France de 373,1 milliards d' € en dépenses en 2013. Voir : http://www.economie.gouv.fr/files/files/PDF/20141001_PLF2015_A5.pdf page 25. 

Deuxième remarque, aucun traité européen n'organise la sortie d'un Etat membre de la zone euro qui compte 19 Etats-membres au 1er janvier 2015 depuis l'adhésion de la Lituanie à cette date de sorte que les scénarios les plus fantaisistes circulent. Jacques Sapir, défenseur de l'idée de la sortie de la France de la zone euro en explique les raisons dans cet interview à un média russe et prophétise le fait que la zone euro ne survivra pas à l'année 2015. 


Jacques Sapir : "La zone euro ne survivra pas à... par ERTV t. 


Si l'on en croit la prose du Front National, une telle opération n'aurait que des avantages car elle permettrait de dévaluer le Franc Français à l'égard de l'Euro à 18 ce qui permettrait à la France de posséder un avantage prix sur ses concurrents et d'augmenter la compétitivité de son économie permettant aux entreprises de nouveaux marchés. 

En réalité  3 conséquences sont à redouter :

1) Tout d'abord, une fuite des capitaux devant la dépréciation attendue du Franc Français puisque les détenteurs de capitaux obtiendront un meilleur rendement de leur épargne en plaçant leurs fonds à l’étranger, n’importe où dans la zone euro. 

2) Une hausse des taux de crédit pratiqué par les banques qui serait la conséquence logique de cette situation et qui entraînerait une baisse de la consommation et de la production via un mécanisme que l’on appelle le « credit crunch » c’est-à-dire une diminution brutale des octrois de crédit aux particuliers et aux entreprises faisant chuter la consommation, un des moteurs actuels de la croissance française.

3)  La dette publique française qui est actuellement de 95% du PIB verrait son montant augmenter. En effet, celle-ci est aujourd’hui exprimée en euros et détenue en majorité par des capitaux étrangers. Une dépréciation aurait comme effet d’augmenter la dette libellée en Francs provoquant une augmentation du taux d’endettement de la France qui se traduirait par une hausse des taux obligataires, le prix de la dette française, sur les marchés primaires et secondaires. Nul doute que la France qui emprunte à des taux historiquement bas sur les marchés à 0,50% verrait ce taux d'intérêt remonter les marchés ne faisant pas confiance à la nouvelle équipe au pouvoir pour gérer économiquement le pays de façon raisonnable et durable. 

Enfin, sur le plan pratique, le passage de l'Euro au Franc Français nécessitera un délai de 2 à 3 ans pour que la Banque de France refabrique les billets et les pièces et que les Français rapportent leurs Euros avant qu'il n'ait plus cours légal. On est loin du scénario décrit par le programme du Front National, lorsqu'on lit : " Il ne faut pas oublier que la Banque de France existe encore et qu’il n’aurait pas besoin de recréer une telle institution. De plus, l’immense majorité de la monnaie en circulation est constituée de monnaie « scripturale » c’est-à-dire de simples écritures comptables dans les banques. La conversion se ferait automatiquement selon la parité de 1 franc = 1 euro. Dans les 48h, les pièces et billets en euros feraient l’objet d’un « poinçonnage » par les autorités publiques, pour matérialiser leur reconnaissance, puis, en moins d’un mois, l’émission de nouveaux billets et pièces serait achevée, comme cela a pu se passer lors des anciennes dissolutions de zones monétaires." 
Source  : http://www.frontnational.com/pdf/fin-euro.pdf 

2. La haine de l'étranger. 

Ce repli sur soi aurait des effets dévastateurs. Comme le rappelle Jacques Attali ; " Très vite, comme la Grèce, et malgré les rodomontades de la nouvelle majorité , les Français seraient obligés d’admettre qu’ils dépendent plus du reste du monde que le monde ne dépend d’eux : le monde peut se passer de nos produits ; nous ne pouvons-nous passer de ceux du monde ; nous en recevons l’essentiel de notre énergie, de nos machines-outils,   de nos touristes, du financement de notre dette publique et de notre déficit extérieur (que le retour à une monnaie nationale ne permettra plus de masquer). On peut le regretter, le maudire, mais c’est ainsi." 

Avec l'arrivée au pouvoir de Marine Le Pen, les Juifs, les Musulmans et les métèques en tous genres auront du souci à se faire. Les manuels d'histoire seront t-ils revus et corrigés pour y enseigner que les chambres à gaz ont été un détail de l'histoire, selon les propos négationnistes du Président d'honneur du Front National, Jean-Marie Le Pen ? A l'égard des Musulmans, les mesures seront prises au vu d'une application stricte de la laïcité (lieux de culte construits sans aide de l'Etat et des collectivités locales, interdiction du voile dans l'espace public, refus du regroupement familial dans le cadre d'une d'une immigration massive). Marine Le Pen ne déclarait-elle pas ; " Je n'ai pas peur de l'islam, mais je suis consciente qu'il se développe dans notre pays un islam politique qui prend appui sur une immigration massive".  Quant aux Français, ils seront considérés comme appartenant à la Communauté Nationale à parti de combien de générations établies sur le sol Français ? 

Ma pensée en la matière se prononce en faveur d'une France ouverte et généreuse qui en période de crise démographique saura accueillir des ressortissants européens et non européens qui lui apporteront leur jeunesse et leur dynamisme et saura développer les solutions pour permettre un vivre ensemble au quotidien. 


Je me sens métèque avec Georges Moustaki comme porte-parole.



Moustaki Georges - Le métèque par Salut-les-copains

3. Le recul de la France 

Jacques Attali écrit : " Mais   là ne serait pas le pire : il serait dans l’abandon des valeurs qui forment l’identité française. Pendant cinq ans, au moins, la France renierait en effet tout ce qui fait sa grandeur depuis deux siècles : sa devise, et en particulier le troisième mot qu’elle contient. Elle reviendrait sur ses engagements sur la peine de mort, les droits de l’homme, l’aide au développement, la vie associative ; elle renoncerait à tout projet européen ; elle   considèrerait l’Afrique comme une menace et non plus une chance ; elle serait hostile   à une religion pratiquée par plusieurs millions de ses citoyens ; elle considérerait les habitants de ses quartiers comme autant de terroristes en puissance ou au moins de voyous à surveiller ; elle serait hostile   aux travailleurs étrangers, aux produits étrangers, au cinéma étranger, aux artistes étrangers, aux malades étrangers." 

Ce que ne dit pas Marine Le Pen c'est qu'une France repliée sur elle-même trouvera à parler à des pays européens qui pratiquera les mêmes règles. La France contrôlera ses frontières et et les autres pays limiteront les importeront françaises et réduiront leurs échanges avec notre pays. Un climat de suspicion, de peur et de frilosité tombera comme une chape de plomb sur notre pays. Déjà, les époux  Klarsfeld les époux Klarsfeld, à l'occasion de la sortie de leur dernier livre, ont récemment déclaré qu'ils ne resteraient "pas une minute" en France si Marine Le Pen était élue présidente en 2017. 

http://www.lexpress.fr/actualites/1/culture/beate-et-serge-klarsfeld-la-lecon-de-vie-d-un-couple-de-justiciers_1666813.html 

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Philippe DELOIRE