lundi 21 mars 2016

MIS EN CAUSE DANS 3 AFFAIRES DE PEDOPHILIE POUR NON-DENONCIATION, LE CARDINAL PHILIPPE BARBARIN DOIT DEMISSIONNER


Selon un sondage "Le Parisien" du 19 mars 2016 , ils sont 63 % des sondés à estimer que Monseigneur Barbarin, Archevêque de Lyon, visé par trois plaintes pour non-dénonciation d'agressions sexuelles, devrait démissionner en attendant que justice soit rendue. Les catholiques pratiquants — 10 % de l'échantillon — pensent, eux, majoritairement l’inverse mais demeurent tout de même près de quatre sur dix (38 %) à suggérer une mise en retrait. 

La pétition intitulée " Démission immédiate du Cardinal Barbarin", le 20 mars 2016 à 21 heures avait réuni 73509 signatures (1). 

Ne dit-on pas vox populi, vox Dei ? 

1. Les 3 affaires.

1.1. L'affaire Bernard Peyrat.


Bernard Preynat, a été mis en examen et placé sous contrôle judiciaire le 27 janvier 2016  pour des agressions sexuelles sur des scouts lyonnais entre 1986 et 1991. C'est en marge de ce dossier que le cardinal Barbarin est visé par une enquête préliminaire pour non-dénonciation d'atteintes sexuelles sur mineurs de 15 ans.
Philippe Barbarin, qui n'était pas encore en fonction à cette époque, a assuré que le père Preynat, qui avait avoué, a été "sanctionné immédiatement". Le prêtre avait été déplacé dans un couvent des Petites Sœurs des Pauvres avant d'être chargé de l'organisation du catéchisme à Neulise, dans la Loire.
Pour expliquer qu'il ait été maintenu dans ses fonctions, le Primat des Gaules a dit avoir eu "confiance" en Bernard Preynat, qui a assuré "n'avoir jamais recommencé" après 1991.
2. L'affaire Billioud
Celui qui se fait appeler "Pierre" occupe un poste de premier plan au ministère de l'Intérieur et affirme à l'âge de  16 ans avoir été abusé par le père Jérôme Billioud, de l'ensemble paroissial La Croix Rousse. Le prêtre est notamment connu pour avoir célébré une messe le 21 janvier 2011 pour la mort de Louis XVI avec l'Action française. "Pierre" soutient, dans une interview au Figaro que le cardinal Barbarin «n'a rien fait pour éloigner ce prêtre des autres enfant». Sa plainte, déposée en 2009, a été classée pour cause de prescription. Le 12 février 2016, il a contacté le procureur de la République de Lyon. Deux jours plus tard, il lui a envoyé une lettre. Pierre doit être réentendu prochainement par la justice. À Lyon, une enquête préliminaire est ouverte pour «non-dénonciation de crime » et «mise en danger de la vie d'autrui ».
3. La promotion d'un prêtre pédophile.

A Rodez, en Aveyron, plusieurs étudiants d’un foyer accusent un curé de 55 ans de leur avoir fait des caresses déplacées. Jugé au tribunal correctionnel de Rodez en 2007 pour agressions sexuelles, ce prêtre est reconnu coupable et condamné à dix-huit mois d’emprisonnement avec sursis et mise à l’épreuve pendant trois ans.
Deux ans après l’affaire, le voilà de nouveau en mission dans le diocèse de Lyon. D’abord vicaire dans le Rhône avant d’être nommé prêtre, il est enfin promu doyen d’un ensemble de paroisses, en 2013. Selon l’entourage du cardinal, contacté par Le Parisien, le passé judiciaire de ce curé n’était pas un secret. "Il ne devait pas être en internat mais le juge d'application des peines n'a émis aucun avis négatif par rapport à un ministère paroissial", ajoute-t-on encore. .

Rien, sur le plan légal, n'interdit effectivement au prêtre de diriger une paroisse. En 2013, il a été promu doyen, en charge de plusieurs paroisses par le cardinal Philippe Barbarin.. La nomination en tant que doyen nécessite l'instruction d'un dossier et, selon le droit canon, le «jugement prudent» de l'évêque qui le choisit. Actuellement, ce père participe à des chroniques sur une radio chrétienne. Récemment, il répondait à la question : «Qu'est ce que le péché?» 

2. Les explications confuses de Mgr Barabarin.

Dans la première affaire, Mgr Barbarin a rappelé que la décision de remettre ce prêtre en service en 1991, après une suspension de six mois (suivant une dénonciation interne des parents d'enfants victimes), avait été prise par son «prédécesseur, le cardinal Decourtray», précisant que «jamais on n'aurait pris une telle décision aujourd'hui.»
Philippe Barbarin prend ses fonctions en 2002. Il est mis en garde indirectement du comportement du père Preynat en 2007. Après une entrevue avec le prêtre, qui reconnaît ses actes, et assure qu'il n'a rien commis depuis 1991, le cardinal décide de le maintenir à son poste.
Dans un interview au quotidien La Croix le 10 février 2016, il se justifie de la manière suivante : " Avec le P. Preynat, la situation est bien différente, car il s’agissait de faits anciens pour lesquels il n’y avait jamais eu de plainte, ni aucun indice de récidive. Ma seule préoccupation est qu’aucun mal ne soit plus jamais commis." (2)
Dans la deuxième affaire, lors d'un entretien entre Pierre et le Cardinal Barbarin, il a admis qu'il était parfaitement au courant, notamment, avec une condamnation, au début des années 2000, d'un mois de prison avec sursis pour fait exhibitionnisme et que ce prêtre avait déjà eu maille à partir avec la justice et qu'il reconnaissait les faits. Le cardinal a demandé pardon à "Pierre" au nom du prêtre. 
Dans la troisième affaire, le porte-parole des Evêques de France, Mgr Ribadeau Dumas a démenti que le prêtre condamné à Rodez ait été "promu". "Il n'est pas promu (...), il a aujourd'hui des responsabilités de formation dans le diocèse de Lyon, (...) non pas en contact avec des jeunes, ce sur quoi le diocèse de Lyon a toujours veillé". Le prêtre "a été nommé dans le diocèse de Lyon" afin de "protéger les victimes, rétablir le calme dans le lieu où il se trouve", a expliqué Mgr Ribadeau Dumas. "Il a continué à suivre les recommandations et les décisions du juge d'application des peines. Le diocèse de Lyon a même été au-delà des recommandations du juge, notamment en ce qui concerne le logement de ce prêtre puisqu'il n'a pas été logé en paroisse, mais (...) dans une communauté de religieux pour avoir un encadrement plus sûr" (3).
3. Le cardinal Barbarin invité à prendre ses responsabilités par le Premier Ministre. 
Invité sur RMC le 15 mars 2016, le Chef du Gouvernement, Manuel Valls, a déclaré : «Le seul message que je peux faire passer, sans prendre sa place, sans me substituer à l'Église de France, sans prendre la place des juges, car une enquête est aujourd'hui ouverte, c'est de prendre ses responsabilités. C'est à lui de prendre ses responsabilités, de parler, et d'agir», a affirmé le locataire de Matignon. «J'attends non seulement des mots mais aussi des actes», avait-il indiqué un peu plus tôt. «Qu'il prenne ses responsabilités! Je respecte la présomption d'innocence. Je ne suis pas juge, je suis chef du gouvernement, je fais attention à tous les mots que je veux prononcer, mais un homme d'Eglise, cardinal, primat des Gaules, qui a une influence morale, intellectuelle, qui exerce une responsabilité majeure dans notre société, doit comprendre la douleur», a insisté le premier ministre (4). 

4. Les fautes du Cardinal Barbarin.

Les fautes du Cardinal Barbarin sont des fautes morales. Dès lors qu'il existait le moindre doute sur la probité d'un prête impliqué directement ou indirectement dans une affaire de pédophilie, la sanction doit être immédiatement prise : faire démissionner cet ecclésiastique qui ne doit plus appartenir à l'Eglise d'aucune manière.

Or,dans les différentes affaires, le Cardinal a adopté des positions à géométrie variables qui ont conduit à maintenir en fonction des prêtres en prenant les élémentaires mesures pour les éloigner définitivement des enfants comme plus haut. Il les a maintenu en fonction et peu importe que Mgr Barbarin ait demandé pardon au nom de l'Eglise, peu importe qu'il s'en soit remis à la parole du prête lui affirmant ne pas avoir récidivé.

Alain Duhamel résume parfaitement les errements du Cardinal.


Le corporatisme d'une partie de l'Eglise catholique conservatrice venue défendre Mgr Barbarin, qu'il s'agisse de Christine Boutin, de Denis Tillinac, de l'avocat André Soulier, des médias catholiques comme Radio-Notre Dame etc.. ne changeront rien au fait que le Primat des Gaules s'est déshonoré en ne comprenant pas la gravité des ses actes et en ne mettant pas en oeuvre iimmédiatement les injections du Pape François qui a déclaré  : « Un évêque qui change un prêtre de paroisse quand on détecte qu’il est pédophile est un inconscient, et le mieux qu’il puisse faire c’est de présenter sa démission. C’est clair ? (…) (5) .

Rappelons que la lutte anti-pédophilie de l'Église a été marquée par plusieurs jalons : en 2011, le Vatican a demandé à toutes les conférences épiscopales de collaborer avec les justices civiles et d'élaborer des normes contre les prêtres coupables ou soupçonnés ; en 2013, le Saint-Siège a durci sa législation pénale, mettant fin à l'impunité de ses prélats ; en 2014, une commission pontificale pour la protection des mineurs est créée, formée de 17 experts dont d'anciennes victimes.

En conclusion, il est à prévoir que le Cardinal Philippe Barbarin aura bien des choses à raconter à son confesseur ... 

Notes
(1)  https://www.change.org/p/pape-francois-d%C3%A9mission-imm%C3%A9diate-du-cardinal-barbarin
(2) http://www.la-croix.com/Religion/France/Le-cardinal-Barbarin-Ma-seule-preoccupation-aucun-soit-plus-commis-2016-02-10-1200739062
(3) http://actu.orange.fr/france/le-cardinal-barbarin-a-t-il-promu-un-pretre-condamne-pour-agressions-sexuelles-afp-s_CNT000000lq4mw.html
(4) http://www.lefigaro.fr/actualite-france/2016/03/15/01016-20160315ARTFIG00100-pedophilie-manuel-valls-demande-a-barbarin-de-prendre-ses-responsabilites.php

(5) Déclaration du Pape François le 18 février 2016, dans l'avion papal dans le cadre de son voyage de 8 jours au Mexique : http://www.lavie.fr/religion/catholicisme/trump-avortement-pedophilie-le-pape-francois-sans-langue-de-bois-19-02-2016-70816_16.php



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Philippe DELOIRE