jeudi 14 juin 2012

1ER TOUR ELECTIONS LEGISLATIVES 2012 : 5 ENSEIGNEMENTS

1er enseignement : la cohabitation n'aura pas lieu.


Comme je l'avais écrit dans mon précédent billet, le spectre de la cohabitation a été écarté, car au soir du 1er tour des élections législatives 2012, il est d'ores et déjà acquis que la Gauche disposera d'une majorité absolue de députés à l'Assemblée Nationale. Comme par le passé, sous la Vème République, les électrices et électeurs ont confirmé leur volonté de donner une majorité au Changement à travers une majorité parlementaire au service de l'action du Chef de l'Etat et de son Gouvernement.


Il reste à déterminer si le Parti Socialiste disposera, à lui seul, de 289 députés qui lui permettrait de se passer du vote de ses alliés législatifs : EELV et le Front de Gauche.


2ème enseignement : EELV devrait disposer d'un groupe politique.


Au soir du premier tour, Noël Mamère, député-Maire de Bègles a retrouvé son siège au Palais-Bourbon, dès le premier tour avec 51,98%. On sait que la Secrétaire Nationale d'EELV, Cécile Duflot, est passée près d'une élection dès le premier tour avec 48,74% dans la circonscription de Paris, devant Denis Baupin, adjoint au Maire de Paris, avec 42,89% dans la 10ème circonscription de la capitale.


Au second tour de ces élections législatives, le 17 juin 2012, sur les 577 circonscriptions, EELV présentera 40 candidats, dont une grande partie issue de l'accord PS-EELV, qui garantissait que dans 63 circonscriptions la Gauche, au premier tour, serait représentée par un membre d'EELV.


En région Centre, Jean-Philippe Grand (EELV), conseiller régional, conseiller municipal à Orléans, est en ballottage favorable dans la 1ère circonscription du Loiret avec 31,73% face à Olivier Carré (UMP), député sortant, 1er adjoint à Orléans. Dans cette région, il est l'élu EELV qui recueille le plus fort pourcentage, précédant Christophe Rossignol, conseiller régional, avec 25,49% dans la 2ème circonscription d'Indre-et- Loire et Karim Laanaya, conseiller régional, avec 23,4% dans la 4 ème circonscription de l'Eure et Loir, ces deux candidats bénéficiant du soutien du PS dans le cadre de l'accord national précité.


Voir la liste des candidats EELV et leurs scores respectifs, classés par région : http://eelv-legislatives.fr/liste-des-candidats/


La constitution d'un groupe pour la première fois de son histoire est une avancée pour le parti écologiste qui fait suite à la constitution d'un groupe au Sénat, en septembre dernier, avec 10 membres.


Il traduit bien les succès électoraux engrangés au fil des élections de la part de femmes et d'hommes qui croient que quitter les schémas du vieux monde est possible et qui sont prêts à inventent un nouveau modèle de vie pour les générations suivantes parce que nous avons la planète en partage.

3ème enseignement : La vague bleue Marine se transforme en clapotis.

Les bonnes nouvelles pour les adversaires du Front National sont arrivés au compte-gouttes mais dessinent un paysage politique républicain qui devrait conduire le Front National, dimanche 17 juin 2012 à ne disposer d'aucun début député à l'Assemblée Nationale.

1) En ce qui concerne Marine Le Pen, à Hénin-Beaumont, la leader du FN devrait être battue dimanche soir prochain, car les 42% obtenus obtenus au soir du premier tour ne lui permettront pas de franchir le second tour victorieusement. En effet, malgré sa défaite,  fort de ses 21,48%, Jean-Luc Melenchon, leader du Front de Gauche a appelé ses électeur à se reporter sur le candidat socialiste Philippe Kermel (23,72%), Maire de Carvin, qui a obtenu, également, le mardi 12 juin 2012 le soutien du candidat investi par l'UMP et le MoDem, Jean Urbaniak, qui a obtenu 7,86% des suffrages au premier tour.

2) Dans la troisième circonscription du Vaucluse, Marion Marechal-Le Pen, petite fille de Jean-Marie Le Pen et nièce de Marine Le Pen, arrivée en tête, au premier tour avec 34,63% devrait, aussi être battue le dimanche 17 juin  prochain. Elle sera opposée à Jean-Michel Ferrand (UMP, 30,03%), car lundi 11 juin 2011, Martine Aubry, Première Secrétaire du Parti Socialiste a annoncé le retrait de la candidate socialiste Catherine Arkilovitch qui avait obtenu 21,98% des suffrages exprimés. C'est donc un front républicain qui se met en place en terre avignonnaise. A noter que lors du débat télévisé sur la télévision régionale, Jean-Michel Ferrand a refusé de serrer la main de son adversaire politique, s'attirant la remarque suivante de Marion Marechal-Le Pen, « Ce n’est pas parce qu’on est adversaire politique que l’on ne doit pas être poli » Comme s'il s'agissait de politesse et alors qu'il s'agit d'un acte politique !

3) Dans la 2ème circonscription du Gard, Gilbert Collard, directeur de la campagne présidentielle de Marine Le Pen arrivé en tête au premier tour des élections législatives avec 34,57% des voix , devançant la socialiste Katy Guyot (32,87%) pouvait espérer devenir député en bénéficiant du retrait d'Etienne Mourrut (UMP) fort de ses 23,89% des voix. Pour le prix de son retrait, Gilbert Collard avait pris l'engagement de ne pas présenter de candidat FN lors des prochaines élections municipales de mars 2014. Tu gardes ta mairie et tu me fais élire député étaient les éléments de ce troc électoral entre gens de bonne compagnie. Patatras ! Si Etienne Mourrut a semblé hésiter un temps, au final, il s'est rangé à l'amicale pression du Secrétaire Général de l'UMP, Jean-François Copé, et s'est maintenu. Dans cette triangulaire, on peut imaginer que pour faire barrage au candidat du FN des voix d'Etienne Mourrut se reporte sur la candidate socialiste devancée de moins de 2 points par Gilbert Collard.

4)  Dans la 16e circonscription des Bouches-du-Rhône, à Arles, le Président du Conseil Régional Provence-Alpes-Côtes-d'Azur, le socialiste Michel Vauzelle, arrivé en tête avec 38,40%, a paru menacé par le résultat obtenu par la candidate du FN, Valérie Laupies (29,98%) qui pouvait le battre si elle obtenait le soutien du candidat UMP Roland Chassain (22,62%), qui affirmait sa volonté avant le premier tour de de faire battre le candidat socialiste. Lundi 11 juin 2011, le candidat UMP, Maire de Sainte-Marie de la Mer, a renoncé à son projet de se désister en faveur de la candidate du FN et a fait connaître sa décision de se retirer de cette joute électorale, laissant la voix ouverte à l'élection de Michel Vauzelle qui bénéficiera du report intégral des voix du candidat du Front de Gauche, Emmanuel Bonhomme, 6,63% et du candidat ELLV (2,36%) et de quelques voix de l'Extrême-Gauche.

4) A l'égard du Front National, l'UMP empêtrée dans son "Ni-Ni".

"Ni Front républicain, ni Front National", telle est la position officielle de l'UMP concernant le report des voix de  ses candidats lors du second tour de ces élections législatives.

Manifestement, cette position politique est ambiguë à trois titres.

Premièrement, elle consiste à affirmer qu'il ne peut y avoir d'alliance électorale avec les candidats du FN afin de faire battre un candidat de la majorité présidentielle. Cette position de principe est louable si elle n'était pas amoindrie par les deux affirmations suivantes.

Le distinguo est opéré entre le FN en tant que parti politique et ses électeurs. A l'égard de ses électeurs, l'UMP n'a pas de pudeur de jeune fille, il les drague impunément comme l'atteste l'appel à la rescousse de Nadine Morano, dans la circonscription de Meurthe et Moselle, qui déclare dans "Minute" j'en appelle aux électeurs du FN qui partagent nos valeurs"  Et nombre de responsables politiques de l'UMP a commencer par Jean-François Copé, ne déjuge pas l'ancienne ministre considérant comme Nicolas Sarkozy que le thème de la réduction de l'immigration légale et du durcissement des accords de Schengen constituent des passerelles avec le FN. Les voix du FN sont bonnes à prendre, mais on se bouchera le nez quand on parlera de rapprochement ou d'accords électoraux car le FN n'est pas fréquentable.

Deuxièmement, et c'est le plus grave, le refus du Front Républicain se base sur un parallélisme en ce qui concerne l'alliance du PS, d'ELLV, le PRG avec le Front de Gauche qui serait à assimiler avec l'Extrême-Gauche, décrit comme une volonté de spolier les riches et de faire preuve d'antisémitisme. Alain Juppé, le 12 juin 2012, sur France-inter a accusé Jean-Luc Mélenchon d'entretenir "des affinités sulfureuses avec des personnalités qui se disent antisémites", comme le compositeur grec Mikis Theodorakis. Dans un communiqué, le Front de Gauche a répondu avec vivacité  et rigueur à ces accusations infondées http://www.lepartidegauche.fr/actualites/communique/nkm-alain-juppe-accusations-ignobles-contre-jean-luc-melenchon-le-front-gauche-16075#.T9imzBd3TWB Il n'y a rien d'autre à ajouter, sinon que la bassesse de ces accusations n'honore pas ses auteurs et qu'en Mikis Théodorakis, c'est l'oeuvre qu'on salue et qu'il faut évidemment condamner toute attitude et propos antisémite de sa part qui rappelle des pages sombres de notre histoire. Une nuance qui a échappé à Alain Juppé que l'on a connu mieux inspiré ...

Alors que le Front National a fait de l'immigration zéro son fond de commerce idéologique et que personne n'a oublié cette image de Jean-Marie Le Pen courant après un immigré, le Front de Gauche, au contraire, comme le Parti Communiste se situe dans une tradition de l'internationalisme des travailleurs et de l'accueil de l'immigré perçu comme une richesse pour notre pays avant d'être une menace dès lors, naturellement, qu'il respecte les lois du pays d'accueil. Et c'est pour avoir dans ses discours affirmé cette conviction que Jean-Luc Mélenchon  n'a pas atteint les 14-15% des voix qu'il espérait au premier tour de l'élection présidentielle, faisant peur à un électorat ouvrier qui voit dans l'immigré un concurrent que le patronat exploite en lui versant un bas salaire.

Donc la symétrie apparente voulue par l'UMP pour refuser le front républicain à l'égard du FN ne résiste pas un seul instant à un examen sérieux.

Et c'est très inquiétant pour notre démocratie, car si en 2002, la Gauche unie a soutenu la candidature de Jacques Chirac, élu avec plus de 82% face à Jean-Marie Le Pen, lors du second tour de l'élection présidentielle, dans un cas de figure inversé, la réciproque serait-elle vraie ? La Droite soutiendrait-elle unanimement un candidat socialiste pour faire obstacle à l'élection d'un candidat du Front National ? On peut en douter ...

5ème enseignement : un gazouillis vengeur ne doit pas faire oublier le printemps de la Gauche revenue au pouvoir.

Certes, rien n'indique que Ségolène Royal pourra devenir la première femme, Présidente de l'Assemblée Nationale, car tout laisse à penser qu'elle pourrait être battue dimanche soir par le candidat socialiste dissident qui a reçu ce tweet d'encouragement de la première dame de France et qui s'en prévaut. Plus qu'une vengeance entre femmes, c'est une faute politique commise par Valérie Trierweiller qui met François Hollande dans l'embarras.

Cette maladresse ne doit pas faire oublier les premier pas du Gouvernement dirigé par Jean-Marc Ayrault qui applique le programme présidentiel faisant bénéficier de la retraite à 60 ans un certain nombre de compatriotes qui ont commencé à travailler tôt, ou modifiant les rythmes scolaires ou plafonnant les plus hautes rémunérations en ce qui concerne les dirigeants des entreprises publiques dans un premier temps.

Conclusion.

La Gauche doit clairement affirmer ses valeurs malgré la crise, celles du respect, de l'écoute, du partage et de la générosité. Elle devra proposer des solutions crédibles à la crise écologique, à celle de la dette et remédier au sous-emploi.

C'est là, la manière la plus intelligente et la plus efficace, de fermer la page ouverte par le quinquennat de Nicolas Sarkozy.




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Philippe DELOIRE