samedi 7 juillet 2012

AU 21EME SIECLE, L'EGLISE CATHOLIQUE MET L'ECOLOGIE A SON AGENDA


J'avais plusieurs raisons de me rendre à cette conférence. D'une part, parce que je connaissais Jean-Marie Richard qui, en 2007, à l'occasion de la publication de mon livre sur l'élargissement de l'Union européenne  m'avait interviewé dans son émission " Croire aujourd'hui" sur RCF.  Je savais qu'il était l'infatigable animateur du CERC (Centre d'Etudes et de Réflexion Chrétienne) qui propose un programme de grande qualité intellectuelle et spirituelle et c'était l'occasion de le revoir.

C'était aussi l'occasion de faire connaissance avec l'association "Chrétiens et Ecologie dans le Loiret" : http://www.orleans.catholique.fr/informations-annuaire/services-et-mouvements/1080-chretiens-ecologie-loiret.html groupe animé par Jean-Marie Richard et avec Dominique Lang, assomptionniste, journaliste au Pélerin et animateur du blog "Eglises et Ecologies" : http://ecologyandchurches.wordpress.com/

D'autre part, en tant que membre d'Europe-Ecologie les Verts et conseiller municipal d'opposition à Orléans, j'étais curieux de savoir ce que l'Eglise catholique avait à dire sur le sujet. Pour une fois que l'Eglise catholique délivre un message en phase avec les attentes de la société moderne, ancrée dans les réalités que vivent tant de femmes et d'hommes, après avoir raté tant d'évolutions ou de révolutions dans le passé que cela devait être salué !

Telle était la réunion à la quelle je me suis rendu, en tant que membre d'Europe -Ecologie les Verts depuis 2006, et chrétien, croyant et pratiquant de temps en temps. (Il me semble que poser des actes chrétiens passe avant la prière qui peut s'effectuer en tout lieu et en tout temps en dehors des églises).

1. Une prise de conscience épiscopale récente. 

Alors que René Dumont, lors de la campagne présidentielle de 1974 alertait les Français sur les dangers que courait la planète si l'homme ne changeait pas son mode de vie et de consommation, il faut attendre 1997, date à laquelle les évêques de France travaillent avec Pax Christi sur les problèmes d’environnement – réchauffement climatique, épuisement des ressources de la planète et pollution – et sur la nécessité de réviser nos modes de vie. Ce travail se traduira par la publication le 17 décembre 2007, par Mgr Jean-Charles Descubes, archevêque de Rouen, président du Conseil famille et société de la conférence des évêque de France et Mgr Marc Stenger, évêque de Troyes, président de Pax Christi France, d'un document intitulé : « La création au risque de l'environnement »
(http://www.eglise.catholique.fr/getFile.php?ID=3002

Sur les conditons de la naissance d'une écologie chrétienne, on peut se reporter à l'article de Dominique Lang précité : http://www.ceras-projet.org/index.php?id=5544 qui écrit : "le souci écologique de la planète a mis du temps à s’imposer dans la doctrine sociale de l’Église, qui est en passe seulement ces dernières années d’intégrer une éthique de la terre, comme l’officialise d’une certaine manière l’encyclique Caritas in veritate"  (texte du 7 juillet 2009 de Benoît XVI. L'amour dans la vérité. Texte intégral :  http://www.la-croix.com/Religion/Approfondir/Documents/Texte-integral-de-l-encyclique-Caritas-in-veritate-de-Benoit-XVI-_NG_-2009-07-07-536788 ).

A noter qu'en 2005, Monseigneur Stenger, Evêque de Troyes depuis 1999, a dirigé un ouvrage collectif préfacé par Nicolas Hulot, intitulé " Planète vie, planète mort : l'heure des choix" dans lequel il restitue l'écologie dans une perspective chrétienne, le respect de la Création.Dernier ouvrage disponible, les évêques ont rendu public, vendredi 20 avril 2012 un document sur les « enjeux et défis écologiques pour l’avenir » (Enjeux et défis écologiques pour l’avenir, Bayard/Cerf/Fleurus-Mame, collection « Documents d’Église », 80 p., 3 €. À partir du 27 avril 2012 en librairie). Fruit de deux ans de travail, ce texte de référence se veut un vade-mecum pour soutenir les chrétiens engagés dans l’écologie et encourager les communautés locales à s’emparer de la question.

2. L'homme, jardinier de la Création.


Au sein du Pentateuque, la Genèse raconte les origines du monde et de l'humanité. Notre terre est l'oeuvre de Dieu, le Créateur de toutes choses et de l'homme et de la femme qu'il modela à son image (Genèse 1. 26). Ce même verset demande à l'homme de dominer sur " les poissons de la mer, les oiseaux du ciel, les bestiaux, toutes les bêtes sauvages et toutes les bestioles qui rampent sur la terre. "  Et au verset 28, il est écrit : " Dieu les bénit et leur dit : Soyez féconds, emplissez la terre, et soumettez là; dominez sur les poissons de la mer et les oiseaux du ciel et tous les animaux qui rampent sur la terre." 


Certains discours écologiques (pas au sens scientifique, mais politique) font le procès du christianisme qui aurait légitimé la conquête du monde en s'appuyant sur le premier récit de la Genèse précité. Ce procès n'est pas fondé. En effet, le texte biblique a été réinterprété à la naissance de la science classique dans un sens qui n'était plus le sens premier. Le reproche concerne le développement de la science en Occident.


Ainsi, comme Descartes invitait l'homme à être "maître et possesseur de la nature" de sorte que grâce  à la technologie occidentale, durant longtemps, l'homme a exploité la nature pour satisfaire ses besoins sans se préoccuper des atteintes à la planète qu'il provoquait en privilégiant une vision à court terme basée sur la rentabilité et la volonté de parvenir à une production toujours plus élevée à coups de fertilisants, pesticides, insecticides ...


Dans les premiers temps, c'était pour domestiquer une nature hostile, avant de perfectionner les techniques et de nourrir un nombre croissant d'hommes sur terre. Dans un article intitulé    " Quand le rapport de l'homme à la nature change de nature", paru dans le numéro 300 de Projet, de septembre 2007, Alain Lipietz écrit : " Ainsi, l’humanité voit s’éloigner la peur de la faim, de la foudre, des inondations, grâce à son organisation sociale hiérarchisée, mais cette hiérarchie elle-même, de serviteur du « développement » se transforme en despote du développement « insoutenable », jusqu’à la crise."  http://lipietz.net/spip.php?article2091


Il décrit ce changement de paradigme. On passe à la responsabilité de l'homme qui, en tant qu'être laissé libre par Dieu de choisir entre le Bien et le Mal, peut détruire la planète et l'homme lui-même comme il peut définir un cadre pour protéger les formes de vies et les faire cohabiter harmonieusement. Alain Lipietz explique : "Mais il faut bien saisir le fond de ce changement d’échelle. Que la Nature ne soit plus un  Grand Extérieur de l’Homme, où il pourrait puiser, tout en se protégeant de ses menaces, introduit une modification décisive. Dans son rapport à la Nature, l’Homme se trouve face à lui-même. Son oeuvre (l’espace qu’il produit , les machines qu’il forge, les pesticides ou l’amiante par lesquels il protège ses récoltes et ses édifices) devient la condition et de son existence et de sa destruction. C’est pourquoi Auschwitz et Hiroshima, événements de prime abord strictement humains – ou inhumains – , sonnent pour beaucoup d’écologistes le signal de l’ère nouvelle : l’Homme n’est plus l’humble passager sur la Terre, il devient le démiurge qui, s’il fut capable, grâce à la technique, de la transformer, est désormais capable de l’anéantir, et lui avec. La question du sens de la technique, que le chœur de l’Antigone de Sophocle avait pressentie, revient au centre du débat politique. L’écologie politique proprement dite est née."

L'Eglise affirme désormais clairement que l'homme est le jardinier de la Création et la figure de l'écologiste selon la foi chrétienne est la figure de Saint-François d'Assises, ce que rappelle cette émission de Direct 8 "Dieu merci" (à partir de la 7.53 minutes, après la publicité et l'actualité religieuse et "la question qui fâche") en accueillant Patrice de Plunkett auteur de l'Ecologie : de la Bible à nos jours. Pour en finir avec les idées reçues. Editions de l'Oeuvre. 2011.  




Et Claude-Henri Rocquet, poète et écrivain, auteur en 2005 de "Saint-François parle aux oiseaux".




Dieu merci ! - L’écologie... par

2. La fête de la Création.

Suite au Rassemblement oecuménique européen de Graz en 1997,  le Réseau Chrétien Européen pour l'Environnement (ECEN) recommande en 1999 aux Eglises d'adopter un Temps pour la création du 1er septembre au 2ème dimanche d'octobre. De nombreuses
« Fêtes de la Création » ont lieu dans toute l’Europe autour de la Fête de Saint François d’Assise, proclamé patron des écologistes par Jean-Paul II.

A cet effet, la Communauté Oecuménique de Travail Eglise et Environnement (COTE-Suisse) propose une série de prières pour fêter cette journée : http://www.paxchristi.cef.fr/docs/Environnement.celebrercreation.COTESuisse.pdf

Dans le Loiret, l'équipe "chrétiens et écologie dans le Loiret" organise la 5ème Journée de la Création dans le Loiret, qui aura lieu le samedi 6 octobre 2012, à Sainte Geneviève des Bois. Mgr Blaquart accompagnera les participants pendant cette journée.

Lieu : Association Partage 3. Le droit à l'alimentation.

Le Pont de Pierre
45230 Sainte-Geneviève-des-Bois
Chrétiens et Ecologie dans le Loiret,
Tel 06 64 52 02 34




Le Pape, Benoit XVI, en novembre  2008, devant la FAO, en présence du Secrétaire Général de L'ONU, évoque la crise écologique et critique l'ultralibéralisme qui prive certains hommes du droit élémentaire à l'alimentation.



Benoit XVI dénonce l'ultracapitalisme par apo-catholique

4. Vivre l'écologie en chrétien, c'est avancer sur la voie de la transition écologique au service des plus démunis.

Dans son intervention, Dominique Lang distinguait différents type d'écologie : l'écologie romantique (une conception rousseauiste de la société), l'écologie scientifique (les avancées de l'agronomie, la biologie, de la médecine...), l'écologie sociale (la promotion des droits de l'homme), de l'écologie médiatique (entre le catastrophisme et les documentaires) et l'écologie politique qui est celle des militants encartés ou non.

Pour ma part, je soutiendrais trois idées forces.

1) Les bases scientifiques de l'Ecologie sont à préciser et à clarifier.

Les certitudes scientifiques qui fondent le raisonnement écologie sont encore à établir définitivement quand par exemple sur une question aussi importante que l'évolution du climat sur une longue période s'affrontent les climatosceptiques et les partisans du changement climatique. On pourrait étendre ces querelles scientifiques à un domaine comme celui de la biodiversité et à de nombreux autres domaines où les connaissances étant récentes et les outils se perfectionnant les certitudes scientifiques et techniques sont rapidement remises en cause. 

2) L'Ecologie traduit un changement de civilisation qui fait fait que le paradigme de la croissance économique indéfinie à partir de ressources finies doit être questionné au profit d'une civilisation de la responsabilité de l 'homme invité à penser local et à agir global.

Jamais notre monde n'aura été aussi interdépendant et jamais nos frontières physiques, politiques, économiques, sociales n'auront été qu'une barrière de papier qui s'effondre dès les premières manifestations de phénomènes incontrôlables de toutes natures. Le monde est bien fini selon la formule de Paul Valéry et l'homme est invité à lui donner un nouveau visage celui de la solidarité car les drames écologiques touchent d'abord les plus faibles rejoignant en tous points le message de Jésus-Christ qui s'adresse d'abord aux pauvres, malades, exclus, réfugiés climatiques ....

Lors des Journées d'Eté d'Europe-Ecologie Les Verts, de 2009, Jean-Paul Besset, député européen de l'Eurorégion Centre-Massif Central, ne dit pas autre chose quand qu'il faut dépasser le capitalisme et le socialisme pour faire accoucher ce projet de civilisation basé sur la solidarité, la responsabilité, le partage et la prise en compte des besoins nouveaux.




Jean-Paul Besset | L'écologie, une politique de... par EuropeEcologie

3) Une mobilisation de la société civile en liaison avec les politiques est indispensable pour faire émerger ce projet civilisationnel.

Il revient aux femmes et hommes politiques engagés dans le combat pour faire connaître et partager les valeurs de l'Ecologie Politique de s'appuyer sur les réseau des associations, syndicats, mouvements d'éducation populaire, pour dire que la vie de nos concitoyens peut être changée au quotidien s'ils appliquent quelques principes écologiques de base.

C'est aux citoyens d'être exigeant à l'égard des élus écologistes ou de ceux qui aspirent à en faire partie pour leur réclamer des programmes politiques, des projets, des actions politiques qui changent la ville, l'espace et le temps dans lequel nous vivons.

Etre chrétien c'est prendre des risques et aller de l'avant et l'Ecologie, plus que jamais, offre une occasion de traduire la parole de Dieu en actes. 

Comme le dit Saint-Paul, dans l'Epitre aux Galates 6, 9 et 10, "Ne nous nous lassons pas de faire le bien ; en son temps, viendra la récolte; si nous ne nous relâchons pas. Ainsi, donc, tant que nous en avons l'occasion, pratiquons le bien à l'égard de tous et surtout de nos frères dans la foi. "

Pour en savoir plus.

Sur le site de la Conférence des Evêques de France : http://www.eglise.catholique.fr/eglise-et-societe/developpement-durable/textes-et-documents-de-reference-sur-le-developpement-durable.html
Le powerpoint "les Chrétiens et l'environnement. Quelle parole et quel rôle ?" de Pax Christi : http://www.paxchristi.cef.fr/docs/PresentationChretiensetenvironnement.PX.ppt

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Philippe DELOIRE