vendredi 9 août 2013

L 'OPINION PUBLIQUE MAJORITAIREMENT OPPOSEE AU PORT DU VOILE ISLAMIQUE A L'UNIVERSITE.

Dans une interview au Figaro paru vendredi 9 août 2013, le ministre de l'intérieur, Manuel Valls, juge "dignes d'intérêts" les douzes propositions du Haut Conseil de l'Intégration parmi lesquelles figure l'interdiction du port du voile islamique dans les université.


Le Haut Conseil à l'Intégration plaide en faveur d'une proposition de loi pour interdire « dans les salles de cours, lieux et situations d’enseignement et de recherche des établissements publics d’enseignement supérieur, les signes et tenues manifestant ostensiblement une appartenance religieuse ».  En pratique, il s'agit d’interdire le port du hijab aux musulmanes dans les salles de cours dans l’enseignement supérieur.

Et de rappeler la loi du 26 janvier 1984 sur l’enseignement supérieur dite loi Savary selon laquelle « le service public de l’enseignement supérieur est laïc et indépendant de toute emprise politique, économique, religieuse ou idéologique ».

Le ministre ajoute : "...A tout le moins, il faudrait mettre de la cohérence (universités, IUT)...Il faut le faire avec méthode et en recherchant le consensus possible."

Le ministre de l'Intérieur ouvre donc un débat épineux et sensible.

1. Un soutien d'une majorité de Français. 

Selon un sondage de l'IFOP pour le Figaro publié le 9 août 2013, 78% des personnes interrogées se déclare contre le port du hijab à l'université, 18% sont indifférentes et 4,5% sont favorables.

 http://www.ifop.fr/?option=com_publication&type=poll&id=2306 

Le résultat de ce sondage ne doit pas surprendre, car nos compatriotes au fil des sondages les Français expriment leur incompréhension ou leur hostilité à l'égard de la religion musulmane. Près de trois Français sur quatre estiment que l'islam n'est pas compatible avec les valeurs républicaines, selon un sondage Ipsos réalisé pour dans le cadre d'une enquête sur le populisme. Selon ce sondage, publié le 24 janvier 2013 par le quotidien "Le Monde", 74% des personnes interrogées estiment que l'islam est une religion "intolérante", incompatible avec les valeurs de la société française.
 

Chiffre plus radical encore, souligne le quotidien,"8 Français sur 10 jugent que la religion musulmane cherche à imposer son mode de fonctionnement aux autres. Enfin, plus de la moitié pensent que les musulmans sont en majorité (10%) ou 'en partie' (44%) intégristes, sans que l'on sache ce que recouvre ce qualificatif".

http://www.lemonde.fr/societe/article/2013/01/24/la-religion-musulmane-fait-l-objet-d-un-profond-rejet-de-la-part-des-francais_1821698_3224.html?xtmc=ipsos&xtcr=2  

2. Vers un service public de l'enseignement entièrement laïc ?

La loi du 15 mars 2004 encadrant, en application du principe de laïcité, le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse dans les écoles, collèges et lycées publics interdit le port de tenues et de signes religieux « ostensibles » à l'école. Elle s'applique depuis la rentrée scolaire 2004/2005.

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000000417977&dateTexte=&categorieLien=id


Celle-ci s'applique dans les écoles, collèges et lycées publics (classes préparatoires et BTS compris), et tous les lieux extérieurs accueillant des activités scolaires (gymnases…).
   
Géographiquement, elle concerne la Métropole, et Saint-Pierre-et-Miquelon, la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna, et Mayotte.


Celle-ci interdit :

- le voile, plus ou moins couvrant (hidjab, tchador, khimâr);
- la kippa,
- les grandes croix chrétiennes (catholique, orthodoxe),
- le dastaar, turban avec lequel les Sikhs cachent leurs cheveux;
- le bandana s'il est revendiqué comme signe religieux et couvre la tête;

Toute personne ne respectant pas la loi peut encourir une sanction disciplinaire pouvant aller jusqu'à l'exclusion si l'élève persiste dans son refus d'enlever le signe religieux après un dialogue prolongé avec le chef d'établissement.


La loi du 12 octobre n°2010-1192 interdisant la dissimulation du visage prohibe le port du voile intégrale dans l'espace public. 

http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do?cidTexte=JORFTEXT000022911670&categorieLien=id

Elle s'applique à compter du 11 avril 2011. L'interdiction concerne le port du niqab, de la burqa, des cagoules et des masques. Une exception est admise:en cas de pratiques sportives, de fêtes ou de manifestations artistiques ou traditionnelles, processions religieuses, notamment.

La loi du 15 mars 2004 ne concerne pas les universités où règne la liberté de se vêtir comme on le souhaite sous réserve des règles habituelles de décence. 

3. Une extension de l'interdiction du port du foulard islamique à l'Université ?

A l'université, sauf cas de petits génies, on est en présence d'étudiants, titulaires du Bac, premier grade de l'enseignement supérieur, qui sont majeurs et donc responsables pénalement de leurs choix. 

La Faculté est un lieu d'échanges et de dialogue où la personnalité du jeune s'affirme et est donc un facteur d'émancipation, comme l'indique sur France-Inter, la ministre de l'Enseignement supérieur Geneviève Fioraso, qui a déclaré ce 9 aôut : "les jeunes filles portant le foulard doivent être autorisées à faire des études, affirmant que ce signe d'appartenance à l'islam "ne pose pas de problème" à l'université." 

http://www.franceinter.fr/depeche-voile-luniversite-cest-le-lieu-de-toutes-les-cultures 

Conclusion.

Le fait que le ministre de l'Intérieur ait modéré ses premiers propos en considérant qu'un débat est ouvert et que l'Observatoire de la Laïcité se prononcera traduit les oppositions qui se font jour au sein du Gouvernement de Jean-Marc Ayrault. 

Décider une interdiction générale du foulard islamique à l'Université serait comprise comme un acte anti-musulman, cette communauté étant sommée de pratiquer sa religion sans port de signes religieux. La force de l'Université et de notre démocratie, c'est précisément, la tolérance, dès lors que le port du voile islamique n'est pas revendiqué comme un signe de prosélytisme et que tous les enseignements choisis sont suivis sans évoquer un quelconque motif religieux pour s'y opposer. Il convient, également, que les représentants de la communauté musulmane, comme ses fidèles, sachent aussi mieux expliquer leur religion et ses préceptes, afin d'éviter les amalgames et les erreurs, pour que les citoyens français qui ont en commun la République se comprennent mieux et,  peut-être, s'acceptent, forts de leurs différences...

Une vidéo qui résume les termes du débat :


Le port du voile à l'université suscite la... par BFMTV

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Philippe DELOIRE