jeudi 19 septembre 2013

IMMIGRATION CLANDESTINE : LE MAROC VIOLE LES DROITS FONDAMENTAUX DES IMMIGRES


1. Rien ne change. 

Dans un rapport publié en mars 2013 sur les migrants subsahariens en situation irrégulière au Maroc,  Médecins Sans Frontières intitulait celui-ci : "Violences, Vulnérabilité et Migration : Bloqués aux portes de l'Europe". 
http://www.msf.fr/sites/www.msf.fr/files/informemarruecos2013_fr_0.pdf  

L'organisation française écrivait : "Au cours de ces dix dernières années, l’Union Européenne (UE) a durci ses contrôles aux frontières et externalisé de plus en plus sa politique migratoire ; d’un pays de transit pour les migrants qui se déplacent vers l’Europe, le Maroc est devenu entre-temps un pays de transit et de destination par défaut. L’expérience de MSF démontre que plus le séjour des migrants subsahariens se prolonge au Maroc et plus leur vulnérabilité augmente. Cette vulnérabilité pré-existante, associée à des facteurs tels que l’âge et le genre et les traumatismes subis durant le processus migratoire, s’accumule lorsqu’ils se retrouvent bloqués au Maroc et sujets à des politiques et des pratiques d’exclusion, de discrimination et de négligence."

Et de préciser : "Les données de MSF démontrent que les conditions de vie précaires
auxquelles sont contraints la majorité des migrants subsahariens et la violence criminelle et institutionnelle généralisée à laquelle ils sont exposés sont encore à ce jour les principaux facteurs qui déterminent leurs besoins médicaux et psychologiques. À maintes reprises, les
équipes de MSF ont signalé et dénoncé cette situation, mais la violence est une réalité quotidienne encore aujourd’hui pour la majorité des migrants subsahariens se trouvant au Maroc."

Le 10 septembre 2013, Presseurop reprenait un article paru dans le Guardian du 10 septembre 2013 qui avait pour titre : "Immigration : piégés en zone de transit". 

http://www.presseurop.eu/fr/content/article/4127261-pieges-en-zone-de-transit 

Entre ces deux informations, il semble bien que la situation n'a guère évoluée. Comment en est-on arrivé là ? 

2. Statistiques. 

Alors qu'il y a quelques mois encore la Grèce dont la frontière greco-turque était mal sécurisée était le point de passage de l'immigration clandestine pour entrer dans un pays de l'Espace Schengen.  

Le renforcement des contrôles à l'initiative de l'Union européenne a conduit le Maroc à devenir l’une des principales routes de migration illégale en Europe depuis l’Afrique subsaharienne. En effet, un bureau opérationnel de l'agence a été créé en octobre 2010 en Grèce pour accroître l'efficacité des opérations conjointes lancées par Frontex. La Méditerranée orientale (Grèce, Chypre, Italie et Malte), constitue une voie empruntée de manière croissante par les flux de migrations illégales.

Selon le dernier rapport de l’agence européenne de surveillance des frontières Frontex, au cours des trois premiers mois de cette année, près d’un millier d’individus ont réussi à passer en Espagne, à la nage, en bateau ou en franchissant des grillages. Mais à tout instant, quelque vingt mille d’entre eux se trouvent pris au piège de ce qu’un rapport de l’Institute for Public Policy Reseach (IPPR) appelle le "Mythe du transit."

Voir la présentation de FRONTEX (Agence Européenne pour la gestion et la coopération opérationnelle aux frontières extérieures) créée par le règlement (CE) no 2007/2004 du Conseil du 26 octobre 2004en vidéo. 




Immigration : La Frontex par Ptite_Mule


3. Les violations des droits fondamentaux des immigrants par le Maroc.

L'auteur de l'article, Paul Mason, dénonce deux pratiques illégales. La première porte sur le renvoi présumé sur le territoire marocain des réfugiés repêchés dans les eaux espagnoles, ce qui est une infraction au droit d’asile. Et de citer le cas d'Ibrahim, ressortissant gambien, qui a atteint à la rame ce qu’il pensait être les eaux territoriales espagnoles et qui a téléphoné aux garde-côtes espagnols, demandant à être secouru. Mais ceux-ci l’ont livré à leurs homologues marocains, et il se retrouve maintenant à Tanger. 

La seconde consiste à abandonner des migrants détenus au Maroc dans le désert, de l’autre côté de la frontière algérienne, ce qui est de toute évidence illégal. Comme par un fait exprès, le Maroc est lui-même une source importante de migration – régulière et irrégulière – vers l’UE. Les milliers de maisons vides qui défigurent les terrains vagues entourant ses villes attestent du départ de 4,5 millions de ses citoyens.

4. Quelle réaction de la part de l'Union européenne ?

L'Union européenne est directement impliquée dans ces deux situations, car elle finance ces opérations. De zone de transit vers l'Eldorado européen, le Maroc devient le piège qui se referme sur les migrants qui se trouvent assignés à résidence dans un pays qu'ils n'ont pas choisis. Le Maroc est bien conscient du problème qui a modifié sa constitution, la nouvelle étant entrée en vigueur le 1er juillet 2011, après approbation par référendum, pour corriger cet état de fait comme le montre cette vidéo. 

Dans son préambule on peut y lire ; "Mesurant l’impératif de renforcer le rôle qui lui revient sur la scène mondiale, le Royaume du Maroc, membre actif au sein des organisations internationales, s’engage à souscrire aux principes, droits et obligations énoncés dans leurs chartes et conventions respectives , il réaffirme son attachement aux droits de l’Homme tels qu’ils sont universellement reconnus, ainsi que sa volonté de continuer à Œuvrer pour préserver la paix et la sécurité dans le monde."

La pratique est une autre affaire. 


Les migrants et la nouvelle constitution au Maroc par MAPTV_maroc

En conclusion. 

Il tu un temps où le Maroc avait demandé a devenir membre de l'Union européenne. La Commission européenne, lui répondit que cela n'était pas possible car le Maroc n'était pas un pays européen, condition exigée par l'article 49 du Traité de Lisbonne. Il dispose : "Tout Etat européen qui respecte les valeurs visées à l’article 1bis et s’engage à les promouvoir peut demander, peut demander à devenir membre de l’Union."

Mais, c'est moins le Maroc qui est critiquable que l'Union européenne qui renforce son contrôle aux frontières de peur d'être envahie par des hordes d'immigrés sans-papiers, sans bien comprendre qu'au vu de sa démographie et du lancinant problème des retraites, elle aurait intérêt à accueillir et à former une jeunesse désoeuvrée qui veut travailler et s'intégrer. La gestion de la venue des immigrés tunisiens par la France et l'Italie durant l'été 2011 n'a pas été à la hauteur de l'enjeu et s'est terminé par de strictes mesures policières. La peur de l'autre est toujours mauvaise conseillère ... 



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Philippe DELOIRE