vendredi 15 novembre 2013

LES EVEQUES EUROPEENS PLAIDENT POUR UNE APPROCHE PLUS HUMAINE DES MIGRATIONS

1. La réunion de la COMECE les 13-15 novembre 2013

La COMECE est la Commission des Episcopats de la Communauté Européenne. Cette Commission est composée d'évêques délégués par les conférences épiscopales des Etats membres de l'Union européenne et possède un Secrétariat permanent à Bruxelles.


Précédée par le Service catholique européen d'information pastorale (SIPECA, 1976/1980), la COMECE fut mise en place le 3 mars 1980. La COMECE est financée par les Conférences épiscopales de l'Union européenne. Son secrétariat est actuellement composé de 11 conseillers

Mgr Christian Kratz, est l'évêque auxiliaire de Strasbourg, délégué de la Conférence des Evêques de France à la COMECE. Il fait partie des 24 évêques délégués par les Conférences Episcopales de l'UE : Allemagne, Angleterre & Pays de Galles, Autriche, Belgique, Bulgarie, Ecosse, Espagne, France, Grèce, Hongrie, Irlande, Italie, Lettonie, Lituanie, Malte, Pays Bas, Pologne, Portugal, République Tchèque, Roumanie, Scandinavie, Slovaquie, Slovénie et l'Archidiocèse du Luxembourg. Les objectifs de la COMECE sont les suivants : 

"• Accompagner et analyser le processus politique de l'Union européenne.
• Informer et conscientiser l'Eglise sur les développements de la législation et des politiques européennes.
• Maintenir un dialogue régulier avec les Institutions de l'Union (Commission européenne, Conseil de l'Union européenne et Parlement européen) à travers la rencontre annuelle des principaux responsables religieux, des Séminaires de Dialogue et de multiples conférences et en prenant part aux consultations organisées par la Commission européenne.
• Encourager la réflexion, basée sur l'enseignement social de l'Eglise, sur les défis posés par la construction d'une Europe unie."

Les évêques délégués par les 27 Conférences épiscopales des pays membres de l’UE se sont réunis du 13 au 15 novembre 2013 pour auditionner des experts en charge des politiques de migration au niveau national et européen. L’assemblée plénière s’est ouverte par une soirée débat publique « L’expérience de migrant » le mercredi 13 novembre à la Chapelle pour l’Europe.

Les évêques de la COMECE se sont familiarisés avec le cadre politique et législatif de l’UE en matière de migration et d’asile grâce à un intervenant de la Commission européenne (DG Affaires intérieures) ainsi qu’à l’intégration des migrants avec le vice-directeur de la DG Immigration de la Communauté autonome de Madrid (Espagne). Enfin, ils ont examinés la question du trafic des êtres humains grâce au récit d’un inspecteur de police et d’une femme victime de ce trafic au Royaume-Uni.

2. Une approche plus humaine des migrations. 

Le drame de Lampedusa qui a vu le 3 octobre 2013 300 migrants mourir noyés pour avoir tente de rallier la terre promise que constituait cette île italienne de façon à mettre un pied dans l'espace Schengen était dans toutes les esprits au moment où les évêques ont cherché à dégager les orientations sur ce thème si controversé. 

Ils plaident en amont en faveur d'une politique d’aide coordonnée en direction des pays d’origine et de transit est nécessaire pour endiguer les flux migratoires. Cette politique s'avère insuffisante tant que le chômage des jeunes dans un certain nombre de pays africains et l'absence de perspectives professionnelle sérieuse pour pouvoir prendre en charge des familles nombreuses ne seront pas au rendez-vous. 

En effet, la main droite ignore souvent ce que fait la main gauche. Les politiques d'aides au développement existent et fonctionnent et à cet égard, l'Union européenne est le plus important donateur au titre de l'aide au développement, mais souvent elles sont contredites par d'autres politiques européennes, comme la Politique Agricole Commune qui, à coup de subventions, a ruiné les agricultures vivrières d'un certain nombre de pays africains et "le poulet bicyclette" devient de plus en plus un lointain souvenir..Au titre de la mondialisation que certains rêvent heureuse, le libéralisme économique a conduit la Banque Mondiale a incité les pays africains a acheter leurs matières premières sur le marché mondial, réputé permettre de s'approvisionner à moindre coût, jusqu'au jour où la Thaïlande, pour des raisons spéculatives, a refusé de vendre son riz au Sénégal, notamment, qui a connu en 2008 les émeutes de la faim, où certains attaquaient les silos de riz gardés par la police. En réaction, le Sénégal met en oeuvre une filière rizicole en Casamance piquant le riz dans le fleuve Sénégal pour aller vers une plus grande autonomie alimentaire. 

En conséquence, à juste titre, les évêques "sont d’avis qu’une politique d’aide coordonnée en direction des pays d’origine et de transit est nécessaire pour endiguer les flux migratoires. C’est pourquoi il est nécessaire de développer une politique de migration de l’UE plus cohérente, qui soit davantage coordonnée avec les autres politiques de l’Union (notamment les politiques commerciale, de coopération et les affaires étrangères)."

3. Le rôle des communautés paroissiales. 

Parce ce que l'accueil de l'autre tel qu'il est au coeur du message chrétien, "les évêques de la COMECE sont particulièrement préoccupés par la xénophobie dont sont victimes les migrants, de part et d’autre en Europe. Or, ils rappellent que les migrants représentent une chance pour nos sociétés et nos communautés paroissiales, de part la variété de talents, de cultures et de compétences qu’ils nous apportent. Il est donc essentiel que les communautés paroissiales en Europe accueillent les migrants et s’efforcent par tous les moyens à les faire se sentir chez eux parmi nous."

Conclusion 

Les migrants des pays pauvres sont victimes d'une triple injustice : la situation économique et politique dans leur pays d'origine qui ne leurs offre pas de perspectives professionnelles crédibles, d'une part, l'égoïsme des pays européens dont certains refusent de prendre leurs responsabilités, d'autre part et l'idéalisme qui conduit les migrants à imaginer les pays européens comme un Eldorado alors que la misère et la pauvreté se développent dans nos pays dits riches. 

Mais, cette volonté de vivre une vie meilleure quand on est jeune est le signe d'une vitalité dont l'Union européenne ne peut se protéger qu'en érigeant des barbelés et en donnant toujours plus de pouvoirs à Frontex. 

Nos pays vieillissant auront de plus en plus de difficultés à payer les retraites de leurs aînés pour des raisons démographiques et offrir des possibilités d'emploi et de carrière à des migrants qui partagent nos valeurs de progrès et de solidarité est un choix politique de moyen et long terme aux antipodes de la politique à courte vue de l'Union européenne au gré des Conseils européens trimestriels. 

En savoir plus
http://www.comece.org/site/fr/presse/communiquesdepresse/newsletter.content/1680.html 

De plus, sur la chaîne KTO, les "Mardis des Bernardins" du 12 novembre 2013 s'interrogeaient posait la question : la globalisation peut-elle permettre un développement juste

Avec la participation de Bénédicte Faivre-Tavignot, professeur à HEC, Daniel Verger, Directeur exécutif de Coordination Sud, François Jay, Chargé de mission religions et développement à l'AFD, et Bertrand Badré, Directeur général finances de la Banque mondiale à Washington.



Une partie de la réponse est contenue dans les conclusions à l 'issue des 3 jours de réunion de la COMECE. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de faire part de vos remarques et commentaires dans le respect de la loi dans un souci de dialogue constructif et respectueux de chacun.

Philippe DELOIRE