dimanche 15 décembre 2013

GAZ DE SCHISTE : ACTUALITE JURIDIQUE



Les gaz et huiles de schiste sont des hydrocarbures contenus dans des roches sédimentaires argileuses (à la fois compactes et peu perméables) situées entre 1 et 3 kilomètres de profondeur. Répartis de manière diffuse dans les couches géologiques, ils ne peuvent être exploités de manière classique. .Quelle est la situation juridique actuellement ?

1) La technique de la fracturation hydraulique demeure interdite.

Cette technique consiste en une injection sous pression de fortes quantités d’eau utilisée pour exploiter les hydrocarbures emprisonnés dans la roche. Elle a provoqué d’importantes oppositions liées aux risques de détérioration de l’environnement qu’elle implique (pollution souterraine, destruction des paysages, microséismes, épuisement des ressources hydrauliques, etc...).

La loi n° 2011-835 du 13 juillet 2011 a procédé à l’interdiction de «  l'exploration et l'exploitation des mines d'hydrocarbures liquides ou gazeux par fracturation hydraulique et à abroger les permis exclusifs de recherches comportant des projets ayant recours à cette technique » (JORF n°0162 du 14 juillet 2011 page 12217  texte n° 2)  qui a été validée par le Conseil Constitutionnel suite à sa décision n°2013-346 du 11 octobre 2013 en réponse à une QPC (1). 

La loi abroge des permis exclusifs de recherches qui ont été délivrés dès lors qu’ils utilisent la technique de fracturation hydraulique. Un arrêté du 12 octobre 2011 a publié la liste des permis abrogés.

Suite à la contestation qui se fait jour, le Ministre de l’Ecologie et celui de l’Industrie, Nathalie Kosciusko-Morizet et Eric Besson ont saisi le 4 février 2011 la Mission d’inspection sur les gaz et huiles de schiste. Elle a rendu public son rapport le 22 mars 2012 (2). Ses auteurs se déclarent favorables à la mise en place d’un programme de recherche scientifique pour sécuriser la technique de la fracturation hydraulique programme encadré par un comité scientifique national et contrôlé par des comités de suivi au niveau local. Cela signifiait revenir sur l’interdiction au profit des industriels désireux d’exploiter le gaz de schiste. 

Que fallait t-il attendre de la création de « la Commission nationale d'orientation, de suivi et d'évaluation des techniques d'exploration et d'exploitation des hydrocarbures liquides et gazeux » ? Son fonctionnement a été précisé par le décret n° 2012-385 du 21 mars 2012 (JORF n°0070 du 22 mars 2012 page 5172 texte n° 11) ? Rappelons qu’elle est chargée d’ évaluer les risques environnementaux liés aux techniques de fracturation hydraulique ou aux techniques alternatives mais elle  émet aussi un avis sur les conditions de mise en œuvre des expérimentations réalisées à seules fins de recherche scientifique sous contrôle public.

La publication de ce rapport et la création de la Commission nationale sur les techniques d’exploration ont suscité des réactions à la fois de la part des associations de défense de l’environnement et de la part d’élus locaux qui y voient la préparation du « contournement » d’une interdiction.

2) Vers d’autres alternatives ?

L’OPESCT (Office Parlementaire d'Evaluation des Choix Scientifiques et Technologiques) du Sénat a adopté le 27 novembre 2013 un rapport concernant  « Les techniques alternatives à la fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures non conventionnels ». Les rapporteurs, Christian Bataille et Jean-Claude Lenoir mettent en avant la technique alternative de stimulation au propane pur ainsi que la possibilité de valider l’extraction du gaz de houille en Lorraine si sa production est possible sans recours à la fracturation hydraulique (3).

Le Comité de Prospective en Energie (CPE) de l’Académie des Sciences a rendu le 15 novembre 2013 un avis intitulé « Eléments pour éclairer le débat sur le gaz de schiste » (4). Le CPE plaide pour un suivi étroit de l’exploitation ainsi que la recherche de techniques alternatives à la fracturation hydraulique qui sont par conséquent indispensables.  Ces deux réponses traduisent la pression des entreprises qui souhaitent ne pas prendre de retard par rapport à d’autres pays comme la Pologne qui autorisent l’exploitation des gaz de schiste par fracturation hydraulique. 

Un projet de nouveau code minier, visant à encadrer davantage les activités de forage, mieux prendre en compte leur impact écologique et accroître la transparence auprès des citoyens, a été remis au Gouvernement le mardi 10 décembre 2013 par le Conseiller d’Etat Henri Thuot (5) qui fera l’objet d’un projet de loi en Conseil des Ministres au printemps 2014.

Bonne nouvelle. Celui-ci prévoit une redevance versée aux  communes concernées par une activité minière. Elles seront habilitées à négocier directement les taxes avec les opérateurs, dans le cadre d un plafond  et d’un plancher fiscal fixé par l’Etat.

Notes


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Philippe DELOIRE