mercredi 19 août 2009
Disparition d'Yves de la Martinière : un homme aux multiples passions.
Dans la matinée du 15 août 2009, Yves de la Martinière s'est éteint. Il était cet homme affable, passionné, serviable que j'ai connu, il y a quelques années, par un ami commun.
Ses passions manifestaient son éclectisme et sa volonté de comprendre, d'aller de l'avant et de faire progresser les projets qui lui tenaient à coeur.
1. La généalogie.
La généalogie était une passion familiale pratiquée depuis 4 à 5 générations, comme il le confiait à Loiret.com, avouant qu'elle pouvait conduire à des cousinades de plus de 1000 personnes. Il avait été "Secrétaire du Club de Généalogie IBM".
http://www.loiret.com/cgloiret/index.php?page=display&class=reportage&object=r53_genealogie&method=i_display_full
2. Le combat pour une Loire sauvage.
Son combat pour la préservation de la Loire sauvage et souveraine, il l'avait mené depuis 1996, en présidant l'ADIPHCM, quand est apparue, pour la première fois, en plein milieu de la trame verte de l'Agglomération Orléanaise la menace d'une déviation routière séparant l'est de la commune de Mardié (espaces boisés classés), avec un pont sur la Loire. C'est donc une révolte qui fonde le combat d'Yves, ce qui le conduira à présider Mardiéval avec brio, conviction et détermination. Il faisait parler ce castor énervé, lettre mensuelle apportant ces informations, ces superbes photos et cet humour qui le conduisait à ferrailler contre la volonté du Président du Conseil général Eric Doligé de créer des ponts supplémentaires sur la Loire. Il ne passait rien à celui qu'il surnommait "Toutenkamion" le mettant en scène dans un improbable dialogue, terminant son texte par ce conseil : "PP laisse tomber"!
Il avait marqué des points, quand une délégation de la comission des pétitions du Parlement européen, en octobre 2007, s'était déplacée sur les lieux pour se rendre compte par elle même des arguments des parties. Son rapport qui concluait à l'inutilité de 3 ponts sur la Loire était une victoire dans son combat inalassable pour que la protection européenne conférée par le zonage Natura 2000 soit respectée.
C'est dire que l'Europe, était un sujet qui nous réunissait et il était conscient que cet atout était déterminant dans son combat, prenant soin de rappeler, dans ses interventions, que les règles européennes possédent une valeur supérieure au droit national.
Il avait résumé sa motivation dans les colonnes du castor énervé.
http://le-castor-enerve.fr/connaitre.html
Le quotidien le Monde, le 13 octobre 2007, avait résumé ce débat en citant l'intervention d'Yves, en ces termes :
"Les ponts prévus autour d'Orléans font des remous jusqu'à Bruxelles. Trois députés européens se sont invités dans le Loiret début octobre pour mener l'enquête. Mandatés par la commission des pétitions du Parlement, ils s'intéressent aux projets routiers du conseil général et en particulier à la construction de trois ponts sur la Loire sur une distance d'une cinquantaine de kilomètres. Le but des enquêteurs : vérifier in situ si ces futurs ouvrages respectent les directives européennes sur l'environnement, dans une zone classée Natura 2000 et inscrite au Patrimoine mondial de l'humanité. Le Parlement a été alerté par six associations qui ont recueilli près de 13 000 signatures. Dans leurs requêtes, les pétitionnaires accusent le conseil général de vouloir construire un "grand contournement d'Orléans" de 300 km de long, dont un rouage essentiel serait la construction de ces ouvrages d'art, l'un en aval d'Orléans, à Baule, l'autre en amont, à Mardié, plus un troisième à Sully-sur-Loire, dans le cadre d'une déviation. "Ces aménagements seraient catastrophiques", s'insurge Yves de La Martinière, président de Mardiéval, l'une des associations pétitionnaires. "Ils auraient pour effet de massacrer trois zones protégées, la forêt d'Orléans, la Sologne et la vallée de la Loire et du Loiret, et de détruire le biotope d'espèces rares", comme le castor d'Europe ou le balbuzard pêcheur. CONTRE-INVENTAIRE Le président du conseil général, le sénateur UMP Eric Doligé, réplique aux associations qu'elles ont mis bout à bout des projets sans rapport entre eux pour défendre "leur jardin". "Il s'agit d'aménagements ponctuels pour régler des problèmes de trafic local. J'ai notamment démontré aux parlementaires que les ponts n'avaient aucun lien entre eux", insiste-t-il. De tous ces dossiers, le plus avancé est celui du pont de Mardié. En 2006, le conseil général a approuvé l'avant-projet d'un ouvrage "à six travées" pour un montant de 42 millions d'euros, alors que l'étude d'incidence, selon les associations, préconiserait un pont suspendu. "Natura 2000 n'a jamais interdit de construire dans des zones protégées, se défend M. Doligé. Il faut seulement prendre des dispositions en matière de protection de l'environnement. Je respecterai les normes et l'Etat jugera lors de l'enquête publique." La mission doit rendre un premier rapport le 22 novembre à Bruxelles, en présence de la commission et des parties. Les associations ont remis aux députés un contre-inventaire naturaliste dans le secteur de Mardié et comptent sur leurs recommandations pour assurer la préservation de la "Loire sauvage". Mais le président du conseil général reste "serein" : il prévoit la mise en service d'un premier pont à l'horizon 2012-2014" Christine Berkovicius
3. L'informatique.
Il était aussi feru d'informatique, et c'est à lui que je dois d'avoir été initié au fonctionnement de la messagerie outlook express. Il naviguait avec les icônes avec une grande aisance. il avait compris les possibilités offertes par les nouvelles technologies comme le montrait la rédaction et la mise en page du Castor énervé. Sa caractère chez IBM n'y était pas pour rien. Communiquer et se faire des alliés, c'était le seul moyen pour lui de se doter d'armes efficaces dans ce combat entre le pot de terre et le pot de fer qu'il menait avec constance toutes ces années.
4. Une élégance aristocratique.
Difficile de dire qui était l'Yves intime. Je crois pouvoir dire que l'introspection n'était pas son fort, car il n'avait pas le temps et il aurait repoussé ce genre de question d'un geste de la main. Il n'avait pas le temps, toujours dans l'action, avec le sourire et aussi des emportements qui manifestaient cette passion qui était la flamme qui brûlait en lui et qui, parfois, pouvait le conduire à être injuste.
Mais, c'était bien peu de chose à côté de cette élégance aristocratique, ayant compris que son nom lui donnait des devoirs bien plus que des droits. Sa noblesse de coeur et d'âme, il en a fait preuve jusqu'à ces derniers instants, faisant prévoir ses liens familiaux sur ses souffrances. Il ne se prenait pas au sérieux et son humour lui permettait de relativiser les situations difficiles.
Yves, au ciel, tu verras la Loire comme tu ne l'as jamais vue...
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Bonjour,
RépondreSupprimerJe viens de lire votre article sur mon père qui m'a profonfément ému. Votre description prouve que vous connaissiez très bien Papa, jusque dans son "élégance aristocratique".
Merci donc pour ces mots.
Je me permets de vous iniduqer un lien vers mon blog, et le discours que 'ai lu à a finde l'enterrement de mon père. Vous verrez que votre article senrapproche finalement beaucoup.
http://sushiandmilkandbaby.blogspot.com/2009/08/pour-ceux-qui-ne-sont-pas-tristes.html
Cordialement;
Tibaut de La Martinière
thibau15@hotmail.com
Merci pour ce portrait.
RépondreSupprimerSoline de La Martinière