vendredi 31 juillet 2009

LES BENEFICES DES PRODUITS BIO REMIS EN QUESTION ?

Dans un article du Figaro du 31 juillet 2009 (1), intitulé "Les bénéfices du "bio" en question", l'auteur, Marc Mennessier, évoque une étude britannique, publiée par l'American Journal of Clinical Nutrition d'où il résulterait que "les produits issus de l'agriculture biologique ne sont pas plus sains que les aliments ordinaires et n'offrent pas d'avantages nutritionnels supplémentaires. Que ce soit vis-à-vis des apports en calcium, en fer ou en vitamine C." (2).



1. Une étude partielle.



On apprend que l'étude en question menée par les chercheurs de la London School of Hygiene & Tropical Medicine a été effectuée "sur la base d'un examen systématique des 162 études scientifiques publiées sur le sujet au cours des 50 dernières années". Et de conclure que "Du point de vue de la nutrition, il n'y a actuellement aucun élément en faveur du choix de produits bio plutôt que d'aliments produits de manière conventionnelle."



Selon Cécile Frissur, déléguée générale de Synabio (3), le Syndicat national des transformateurs de la filière bio, les chercheurs de n'ont pas tenu compte «des méthodes de l'agriculture biologique respectueuses de l'environnement et donc in fine de la santé des consommateurs". En d'autres termes, ces chercheurs n'ont pas examiné la question des teneurs en résidus de pesticides et autres polluants présents dans les aliments bio ou conventionnels.



A propos des insecticides chimiques, le raisonnement est le suivant :


" Les insecticides chimiques étant exclus des cahiers des charges de l'agriculture biologique, la grande majorité des produits bio en sont exempts, comme l'avait constaté l'Afssa en 2003. Et quand on en retrouve c'est à des niveaux très inférieurs à ceux détectés dans les produits conventionnels. Mais, pour ces derniers, les teneurs en résidus se situent dans leur grande majorité au-dessous des limites maximales de résidus (LMR), donc à des concentrations a priori sans danger pour le consommateur. La différence entre bio et non-bio reste donc très relative, même sur ce critère."


Si l'on comprend bien on est en présence d'un quasi-syllogisme. Première affirmation. Les produits issus de l'agriculture biologique ne comprennent pas d'insecticides chimiques puisque par définition, le cahier des charges n'en comporte pas. Deuxième affirmation. Quand on en détecte, ils sont à un niveau très inférieur à ceux que l'on retrouve dans les produits issus de l'agriculture conventionnelle. Troisième affirmation. Lorsqu'ils sont décelés dans l'agriculture conventionnelle, c'est à niveau inférieur des limites maximal de résidus (LMR), c'est-à-dire, à un niveau qui ne comporte pas de dangers pour le consommateur. Conclusion, il n'existe pas d'avantage déterminant en faveur du bio sur la base du critère de la présence d'insecticides chimiques.


On voit bien que l'on a changé de registre et que le fait que l'on ne s'empoisonne pas en mangeant des produits issus de l'agriculture conventionnelle n'est pas un argument en soi. En effet, avec l'agriculture bio, non seulement on ne met pas sa santé en danger, mais l'absence de produits chimiques (dont la France est un des plus grands utilisateurs au sein de l'Union européenne), cela permet d'envisager de disposer de produits plus sains que le corps tolère mieux, et donc, à moyen terme, les produits bio sont de nature à produire des effets bénéfiques pour la santé humaine. Il y a donc bien un avantage comparatif en faveur du bio sur la base du critère susmentionné, contrairement à la conclusion de cette étude.


Mais indépendamment de cette question, avant tout, je pense que, d'abord, l'avantage des produits bio tient au fait qu'en produtisant des fruits et légumes qui respecte le cycle des saisons, en recourant à des rendements faibles et en employant des méthodes alternatives aux produits chimiques, l'agricultureur protège l'environnement et donc prend en compte l'avenir de la planète. Par la suite, on peut discuter des effets sur la santé humaine.

Et la vidéo suivante montre le combat mené par une association comme MDRGF (Mouvement pour le Droit et le Respect des Généraltions Futures (4)et son Président, François Veillerette, pour aleter l'opinion sur l'absence d'information sur la teneur en pesticides, insecticides et fongicides et sur la nécessité de prendre en charge son alimentation.





Ce faisant, nombre de consommateurs qui achètent ses fruits et légumes auprès de producteurs bio ont le sentiment gustativement de retrouver les saveurs que certains ont connu dans leur enfance, avant que l'agriculture française, après la seconde guerre mondiale et avec la mise en place de la PAC (Politique Agriculture Commune), en 1962, n'adopte un mode de production intensif, dénaturant parfois le produit, sans goût, longtemps aux formes calibrées (voir mon article sur les biscornus et tordus) à un prix bas pour satisfaire le pouvoir d'achat du consommateur. Si aujourd'hui, les produits issus de l'agriculture biologique sont de plus réclamés par le consommateur, c'est, me semble-t-il, que celui-ci est prêt, à payer plus cher, pour disposer d'un produit de qualité, savoureux et respectueux de l'environnement.


2. Qui ne remet pas en cause les bienfaits de l'agriculture biologique en matière de respect de l'environnement et de la santé du consommateur.



Ce sont peut-être nos cousins québécois qui en parlent le mieux du bio en présentant en quelques minutes l'ensemble des arguments qui concernent l'agriculture biologique.





Selon moi, les bienfaits de l'agriculture biologique sont au nombre de 10.

1. Un effet positif sur la qualité des sols.
2. Un effet positif sur la biodiversité.
3. Un effet positif en matière de sécurité alimentaire.
4. Un effet positif en matière de consommation d'énergie.
5. Une action qui permet d'atténuer les effets prévisibles du changement climatique.
6. Moindre risque pour la santé des agriculteurs.
7. Présence d'antixoyidants en plus grande quantité dans les fruits et légumes qui protègent contre le risque de maladies cardiaques et de cancer.
8. Une saveur plus prononcée des fruits et légumes que ceux produits dans le cadre de l'agriculture conventionnelle.
9. Le respect d'un cahier des charges contraignants qui aboutit à une certification.
10.Des produtis qui ne doivent pas contenir d'OGM (Organismes Génétiquement Modifiés).

Si vous avez encore un doute, une étude de l'INRA du 4 juillet 2008, montre les bienfaits de l'agriculture biologique sur l'environnement. http://www.agrisalon.com/06-actu/article-20799.php

Notes

(1) http://www.lefigaro.fr/sciences/2009/07/31/01008-20090731ARTFIG00011-les-benefices-du-bio-en-question-.php



(2) Voir le résumé de l'étude en anglais : http://www.ajcn.org/cgi/content/abstract/ajcn.2009.28041v1





(3) Synabio : http://www.synabio.com/

(4) http://www.mdrgf.org/

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Philippe DELOIRE