jeudi 1 avril 2010

L'ABANDON DE LA TAXE CARBONE OU LE PRETEXTE EUROPEEN.

Nicolas Sarkozy, le 10 septembre 2009, dans un discours prononcé à Artemare, dans l'Ain déclarait : à propos du deuxième engagement du Pacte écologique de Nicolas Hulot, consistant à créer une taxe carbone : "Je ne comprends pas comment on peut avoir signé le pacte de Nicolas Hulot, au printemps 2007, et aujourd'hui renier sa parole et ne pas faire ce qu'on a dit qu'on ferait. Je l'ai signé, je le fais. C'est une question d'honnêteté."


Taxe carbone : Quand Sarkozy engageait son "honnêteté"
envoyé par Nouvelobs. - L'info internationale vidéo.

Le revirement du 23 mars 2010.

Le 23 mars 2010, deux jours après les résultats des élections régionales, le Premier Ministre, François Fillon, annonce que l'entrée en vigueur de la taxe carbone, prévue le 1er juillet 2010, est reportée à plus tard, lorsqu'une décision européenne verra le jour afin d'éviter qu'elle ne soit instaurée dans un seul pays et ne provoque des distorsions de concurrence en notre défaveur (refus d'importer des produits qui ne supporteraient pas les mêmes contraintes environnementales).

http://www.liberation.fr/terre/0101626211-xavier-bertrand-predit-un-report-de-la-taxe-carbone

Quelle est la portée de cet argument européen ?

Dans un interview à Libération, du 23 mars 2010, Karine Gavand chargée de campagne sur le climat à Greenpeace France, déclare :

" On voit que la France se défausse sur l'Europe. Parce que, dans ce cas précis, ça l'arrange et qu'en plus elle conditionne la mise en place de cette taxe à l'instauration d'une taxe d'ajustement aux frontières, qui, on le sait, ne verra jamais le jour. Car, à juste titre, ce projet n'est soutenu par personne ou presque en Europe. Et si c'était déjà compliqué au niveau français, cela le sera encore plus au niveau européen. Il est quasiment impossible d'imaginer la taxe voir le jour à l'échelle européenne quand on sait qu'une telle décision requiert l'unanimité des 27 Etats membres, qui refuseront probablement d'abandonner à Bruxelles leurs compétences en matière de fiscalité".

Tout est dit ou presque.

Ce qui est intéressant, à ce sujet, c'est que l'argument européen utilisé par la France, l'est à rebours.

Je veux dire par là, qu'en règle générale la France utilise l'argument européen en indiquant qu'il s'agit d'une contrainte européenne à laquelle elle doit se soumettre et que la responsabilité en incombe à l'Union européenne oubliant qu'elle en fait partie. Nous n'avons pas eu le choix, l'Union européenne nous a imposé telle réglementation.

Dans cette affaire, point de contrainte européenne ! C'est une initiative franco-française qui pour être applicable sérieusement implique d'être adoptée à l'échelle européenne. Alors pourquoi ne pas y avoir pensé plus tôt et avoir laissé entendre que la France serait exemplaire en la matière et pouvait se permettre de faire cavalier seul ?

Comme la probabilité que les 27 s'entendent est faible, l'Union européenne est instrumentalisée pour cacher le véritable abandon de la taxe carbone. Comme il n'y aura pas d'accord au niveau européen d'ici 2012 ou si un accord se dessine et qu'un ou plusieurs pays de l'Union ne veulent pas de cette contribue-énergie européenne, il sera facile de lui ou leur faire porter la responsabilité de l'échec de la négociation européenne durant la campagne présidentielle, en faisant état... du bon vouloir européen de la France !

Vous avez dit hypocrisie, savamment entretenue ?

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Philippe DELOIRE