vendredi 14 juin 2013

LA TURQUIE N'EST PAS ENCORE PRËTE A DEVENIR MEMBRE DE L'UNION EUROPEENNE


1. Une réaction inappropriée de la part de Recep Tayyip Erdogan, le Premier Ministre turc,  en présence de la résolution du Parlement européen.
 
Le Parlement européen, le mercredi 12 juin, 2013, a critiqué le recours excessif à la force par la police en Turquie, et le refus du Premier ministre Recep Tayyip Erdogan d'oeuvrer à la réconciliation dans son pays. La résolution adoptée par le Parlement européen sur la crise en Turquie fait part de la préoccupation des Européens par l’usage disproportionné de la force par la police turque et critique le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan pour son refus de prendre des mesures pour la réconciliation avec les manifestants. Strasbourg a également exprimé des préoccupations quant à la détérioration de la liberté de la presse, la censure et l’autocensure dans les médias turcs.

 "Cette attitude est inacceptable, a lancé le ministre des affaires étrangères, Ahmet Davutoglu. La Turquie est une démocratie de première classe et elle n'a de leçon à recevoir de personne. Cette résolution, lorsqu'elle nous sera transmise, sera immédiatement rejetée." "Vous vous prenez pour qui ? Avec quelle audace osez-vous adopter une telle décision ? Nous ne reconnaissons pas les décisions européennes sur la Turquie", a proclamé pour sa part M. Erdogan.

2. Des conséquences logiques à en tirer.

La réaction vive du Premier ministre turc, est l'expression d'un nationalisme très affirmé qui est celui d'un amoureux déçu, tant la Turquie a eu le sentiment de consentir aux efforts exigés par l'Union pour atteindre les standards européens, et de se voir appliquer un traitement particulier qui dans certains cas traduit des peurs et des fantasmes.

Il reste que le refus de l'autorité politique du Parlement européen, en tant quelle, ne plaide pas en faveur de l'adhésion de la Turquie à l'Union européenne qui, dans ce cas, disposerait de députés au Parlement européen.

Il faut aller jusqu'au bout de cette logique et la Turquie serait en droit de demander la suspension de son processus d'adhésion à l'Union européenne, comme l'a fait Malte, par exemple, lors du changement de Gouvernement entre 1996 et 1999. La Turquie de 2013 peut-elle encore continuer à avancer sur le chemin de l"appartenance à l'Union tout en se repliant sur elle-même ? Les deux institutions de l'Union européenne qui sont d'essence fédérale disposent, précisément, d'un droit de regard sur le la manière dont les Etats membres s'acquittent de leurs obligations européennes. Accepter ces critiques et chercher à en tirer le meilleur parti aurait été une attitude constructive et de nature faire avancer la Turquie sur la voie de sa démocratisation. 

L'attitude d'Erdogan dessert la cause européenne de la Turquie et donne du crédit à ceux qui pour ne pas faire adhérer à l'Union européenne plaident pour un partenariat privilégié. 

Cela allonge la liste des obstacles sur l'adhésion de la Turquie à l'UE (la reconnaissance de Chypre, la reconnaissance du massacre des Arméniens entre 1915 et 1917, le traitement réservé à la minorité kurde, la situation des droits de l'homme, et l'hostilité d'une partie de l'opinion européenne).

3. Quand la peluche a son passeport en règle.

La Turquie membre de l'Union européenne devra contrôler ses frontières devenues les  frontières extérieures de l'Union européenne. En sera t-elle capable ? Le quotidien "Métro news" daté du 14 juin 2014, rapporte l'anecdote suivante : " Une jeune Britannique de 9 ans a passé les frontières avec le passeport  de...sa peluche. Le faux document a été validé par les douaniers d'Antalya, en Turquie." ...

En guise de conclusion.

Il faut redire que l'appartenance à l'Union européenne impose d'être un Etat démocratique en application des critères de Copenhague, mais que cet était doit perdurer, voire même être amélioré, une fois devenu membre de l'UE. De ce point de vue, les atteintes aux droits de l'Homme, en Hongrie, par les conservateurs du parti Fidesz, emmené par le Premier ministre Viktor Orban n'a rien à envier à la situation turque. Et de ce point de vue, l'Union européenne n'a pas toujours su faire respecter ses valeurs en son sein.









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Philippe DELOIRE