lundi 16 juin 2014

APRES LE 25 MAI 2014 : DES REPONSES APPROPRIEES AU BENEFICE DES CITOYENS DE L(UNION EUROPEENNE

Le Mouvement européen France a publié, le 13 juin 2014, un communiqué de presse qui fait part de sa réaction après l’élection parlementaire européenne du 25 mai 2014, disponible sur sont site : http://www.mouvement-europeen.eu/?p=26836#more-26836

En voici le texte et les signataires :

A l’issue du résultat alarmant des élections européennes, le ME-F a réuni les personnalités publiques et les membres de ses comités d’experts en session extraordinaire ce jeudi 12 juin.
Les résultats du scrutin du 25 mai dernier ont ouvert la porte du Parlement européen à ceux qui souhaitent la disparition de l’Union, et la France a pris le risque d’affaiblir sa voix internationale en y envoyant la plus forte délégation d’anti-européens. Dans ces conditions, loin de fustiger les électeurs déçus, le ME-F appelle à comprendre et à répondre à ce vote des colères par de nouvelles actions déterminées :
·                 Nous souhaitons d’abord une action urgente dans la lutte contre le chômage, notamment des jeunes, en aidant massivement les Etats européens dans leur bataille pour la croissance. Ce qui passe par une action et une réflexion sur la recherche et l’innovation en même temps que la convergence des économies, la perspective d’une convergence fiscale.
·                 Nous appelons à la mise en place d’une politique communautaire d’immigration sur la base des besoins des pays membres. Nous réclamons le lancement d’une vraie politique énergétique, incluant les perspectives de la transition énergétique. Enfin, devant les périls du monde, nous demandons aux Etats capacitaires qui souhaitent, de mettre en place une politique de défense et de sécurité.
·                 Le ME-F souhaite plus de transparence dans les prises de position de l’Union en rendant publiques les réunions du Conseil européen, et appelle certains médias français à ne pas se défausser de leur responsabilité civique, mais au contraire de développer l’analyse et la pédagogie des décisions européennes pendant ces prochaines années à l’instar de certains de nos voisins.
·                 Le ME-F réclame des décisions politiques plus claires, une réforme institutionnelle plus simple, et une surveillance démocratique plus exigeante des politiques mises en place. La désignation du prochain Président de la Commission européenne doit donc respecter les résultats du scrutin, le Parlement européen doit être intraitable, et son rôle complété et accentué.
Afin d’adapter sa mission au paysage nouveau, le ME-F réforme son organisation pour amplifier son action.

Le vendredi 13 juin 2014, à Paris
Pour le Mouvement Européen-France :
Jean-Marie Cavada, Député européen et Président du ME-F
Martine Méheut, Vice-présidente du ME-F
Yves Bertoncini, Directeur de Notre Europe-Institut Jacques Delors
Jean-Louis Bourlanges, Ancien Député européen et ancien Président du ME-F
Nicole Fontaine, Ancienne Présidente du Parlement européen
Jean-Dominique Giuliani, Président de la Fondation Robert Schuman
Serge Guillon, Ancien Secrétaire général aux Affaires européennes
Michèle Guyot-Roze, Présidente de la Fondation Hippocrène
Catherine Lalumière, Présidente de la Fédération française des Maisons de l’Europe
Jérôme Vignon, Président des Semaines sociales de France

Ce texte appelle de ma part les remarques suivantes.

Premièrement, je crois que les 143 députés européens eurosceptiques et/ou europhobes qui sont membres du Parlement européen sur les 751 membres qui le composent constituent une menace pour la démocratie européenne et pour les libertés publiques européennes.

Il ne s’agit pas d’affirmer, comme l’écrivent les signataires, que les partis politiques eurosceptiques souhaitent la disparition de l’Union européenne. Un tel cataclysme ne sera pas obtenu avant longtemps, mais en réalité, ils veulent la miner et la contester de l’intérieur, en manipulant les peurs, les angoisses des peuples. Il s’agit, pour eux, de remettre en cause la manière de vivre entre Européens dans un espace démocratique et de libre circulation des personnes, des marchandises des services et des personnes. Les Euroscceptiques veulent que l’UE disparaisse au profit d’une Europe des Etats souverains, pour y rétablir les frontières, entre les Etats, les monnaies nationales, et des coopérations choisies librement entre Etats membres et, en un mot comme en cent : la guerre. Il ne s’agit pas de la disparition de l’Union européenne, mais de sa négation radicale en ce qui concerne ce qu’elle a apporté : la paix, les libertés de circuler, et la constitution d’une zone monétaire commune.

Le communiqué de presse susvisé ne prend pas en compte l’exacte menace que fait courir à l’Union européenne la constitution de groupes politiques anti-Union européenne. Si on devait considérer les 143 députés en question comme un seul groupe, alors ils constitueraient le 3ème groupe politique du Parlement européen derrière le groupe de la Droite et du Centre  et des Socialistes. Si nous ne répondons pas aux interrogations des eurosceptiques alors le fossé grandira entre une opinion publique déboussolée, à la recherche de boucs-émissaires et de solutions simplistes. Lors du prochain scrutin, ce sont 200 députés européens qui feront leur entrée au Parlement européen et pourrai en devenir le premier groupe politique,  si les clivages entre eux disparaissaient.
.
Deuxièmement, il n’est pas certain que les réponses que prône le MEF France soient pertinentes. Réclamer toujours plus d’Europe, dans l’optique de constituer une Europe fédérale constitue un moyen de donner à un pouvoir politique supranational qui faute de relais nationaux à la hauteur sera perçu comme toujours plus éloigné des préoccupations des citoyens européens. La fédéralisation de la zone euro est en marche et déjà bien avancée et l’on voit les obstacles auxquels elle se heurte. En réalité, il y des niveaux concurrents et, actuellement, l’Europe qui progresse est celle de l’Europe des Régions et celle des citoyens, à travers la mise en œuvre de l’Initiative Citoyenne Européenne, notamment. L’Europe sociale est celle qui peut encore donner quelques fruits, mais les entretiens du château de Val-Duchesse appartiennent aux manuels d’histoire.

Troisièmement, les 11 signataires ont paraphé un texte qui ne comporte pas le mot de solidarité, ni celui de peuple. Alors, même que, c’est là, le sens profond du projet du politique européen. Quel niveau ou degré de solidarité les Etats-membres sont-ils prêts à consentir au profit de l’Union européenne dans la perspective d’un intérêt général européen et au bénéfice de ses 510 millions de citoyens ? Quelles sommes chaque Français a-t-il versé pour sauver la Grèce d’un naufrage économique annoncé ? Quelles disciplines sont les contreparties de cet effort de solidarité de l’Union européenne ? A quoi servent les Semaines Sociales de France et son Président, Jérôme Vignon  qui appose sa signature à ce communiqué de presse ?

Quatrièmement, avant de dire comment agir, il faut savoir reconnaître ses erreurs et les corriger. L’Union européenne a-t-elle été à la hauteur en Ukraine, à Lampedusa, lors du renflouement des banques chypriotes, en Grèce de 2010 à nos jours, ou encore, lors de l’harmonisation des règles fiscales, économiques et sociales au sein de la zone Euro ? Cet examen de conscience est indispensable à effectuer avant de répondre aux interrogations de ceux qui se sont prononcés pour des partis politiques eurosceptiques. Qui s’y attellera ? On peut déduire de la demande du MEF France d’une « action urgente dans la lutte contre le chômage » ou de « la mise en place dune politique communautaire de l’immigration  sur la base des besoins des pays membres… » une critique implicite de l’action de l’UE, mais rien de plus.

En réalité, ce n’est pas l’exercice des compétences qui est en cause, ce débat ayant été tranché par le traité de Lisbonne, mais la manière de les exercer et de les relayer auprès des citoyens de l’Union européenne. Car là où le bât blesse tient au fait que nos citoyens sont dans une ignorance à peu près totale des mécanismes de décisions, des politiques et des financements de l’Union européenne. Cette situation est accentuée quand comme en France les relais médiatiques de l’action de l’UE son inexistants ou systématiquement anti-européens.

Si la réponse démocratique, vise à parvenir à la transparence des réunions des chefs d’Etat et de Gouvernements, alors je suis inquiet. Connaître les échanges en direct des 28 Chefs d’Etat et de Gouvernement réunis autour d’une même table, cela revient à demander, en France, à demander la transparence des réunions du Conseil des Ministres, dirigé par le Chef de l’Etat, chaque mercredi ? Qui y songerait ? Ces échanges formels font déjà l’objet d’un compte-rendu synthétique, de conférences de presses des différents chefs d’Etat et de commentaires politiques avisés et souvent intéressés. Veut-on connaître la teneur exacte des déclarations des plus hauts responsables politiques nationaux ? La diplomatie européenne, c’est aussi une part de secret nécessaire à la négociation européenne qui est irréductible à l’exercice de la politique.

Le Mouvement européen France a perdu une occasion de produire une réflexion européenne à la hauteur des enjeux actuels, qui ne se limite pas au slogan « Toujours plus d’Europe » sachant qu’il convient de préférer « L’Europe au service des concitoyens ». Il faut passer du prêt à penser sur la base d’une idéologie aussi séduisante soit-elle, au sur mesure, en comprenant comment les Européens perçoivent les décisions de leurs élites. C’est le défi qu’il faut relever. A cet égard, une fois de plus, le niveau européen ne résume pas l’action de l’UE. Les niveaux nationaux et locaux y contribuent pour beaucoup. La maîtrise de cet enchevêtrement est indispensable pour traiter des différents aspects de la construction européenne. Mais, qui tranchera le nœud gordien ?




Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Merci de faire part de vos remarques et commentaires dans le respect de la loi dans un souci de dialogue constructif et respectueux de chacun.

Philippe DELOIRE