Le
Mouvement européen France a publié, le 13 juin 2014, un communiqué de presse
qui fait part de sa réaction après l’élection parlementaire européenne du 25
mai 2014, disponible sur sont site : http://www.mouvement-europeen.eu/?p=26836#more-26836
En
voici le texte et les signataires :
A l’issue du résultat
alarmant des élections européennes, le ME-F a réuni les personnalités publiques
et les membres de ses comités d’experts en session extraordinaire ce jeudi 12
juin.
Les résultats du
scrutin du 25 mai dernier ont ouvert la porte du Parlement européen à ceux qui
souhaitent la disparition de l’Union, et la France a pris le risque d’affaiblir
sa voix internationale en y envoyant la plus forte délégation d’anti-européens.
Dans ces conditions, loin de fustiger les électeurs déçus, le ME-F appelle à
comprendre et à répondre à ce vote des colères par de nouvelles actions
déterminées :
·
Nous souhaitons d’abord une action urgente dans la lutte contre
le chômage, notamment des jeunes, en aidant massivement les Etats européens
dans leur bataille pour la croissance. Ce qui passe par une action et une
réflexion sur la recherche et l’innovation en même temps que la convergence des
économies, la perspective d’une convergence fiscale.
·
Nous appelons à la mise en place d’une politique communautaire
d’immigration sur la base des besoins des pays membres. Nous réclamons le
lancement d’une vraie politique énergétique, incluant les perspectives de la
transition énergétique. Enfin, devant les périls du monde, nous demandons aux
Etats capacitaires qui souhaitent, de mettre en place une politique de défense
et de sécurité.
·
Le ME-F souhaite plus de transparence dans les prises de
position de l’Union en rendant publiques les réunions du Conseil européen, et
appelle certains médias français à ne pas se défausser de leur responsabilité
civique, mais au contraire de développer l’analyse et la pédagogie des
décisions européennes pendant ces prochaines années à l’instar de certains de
nos voisins.
·
Le ME-F réclame des décisions politiques plus claires, une
réforme institutionnelle plus simple, et une surveillance démocratique plus
exigeante des politiques mises en place. La désignation du prochain Président
de la Commission européenne doit donc respecter les résultats du scrutin, le
Parlement européen doit être intraitable, et son rôle complété et accentué.
Afin d’adapter sa
mission au paysage nouveau, le ME-F réforme son organisation pour amplifier son
action.
Le vendredi 13 juin 2014, à Paris
Pour le Mouvement
Européen-France :
Jean-Marie Cavada, Député européen et Président du ME-F
Martine Méheut, Vice-présidente du ME-F
Yves Bertoncini, Directeur de Notre Europe-Institut Jacques Delors
Jean-Louis Bourlanges, Ancien Député européen et ancien Président du ME-F
Nicole Fontaine, Ancienne Présidente du Parlement européen
Jean-Dominique Giuliani, Président de la Fondation Robert Schuman
Serge Guillon, Ancien Secrétaire général aux Affaires européennes
Michèle Guyot-Roze, Présidente de la Fondation Hippocrène
Catherine Lalumière, Présidente de la Fédération française des Maisons de l’Europe
Jérôme Vignon, Président des Semaines sociales de France
Jean-Marie Cavada, Député européen et Président du ME-F
Martine Méheut, Vice-présidente du ME-F
Yves Bertoncini, Directeur de Notre Europe-Institut Jacques Delors
Jean-Louis Bourlanges, Ancien Député européen et ancien Président du ME-F
Nicole Fontaine, Ancienne Présidente du Parlement européen
Jean-Dominique Giuliani, Président de la Fondation Robert Schuman
Serge Guillon, Ancien Secrétaire général aux Affaires européennes
Michèle Guyot-Roze, Présidente de la Fondation Hippocrène
Catherine Lalumière, Présidente de la Fédération française des Maisons de l’Europe
Jérôme Vignon, Président des Semaines sociales de France
Ce
texte appelle de ma part les remarques suivantes.
Premièrement,
je crois que les 143 députés européens eurosceptiques et/ou europhobes qui sont
membres du Parlement européen sur les 751 membres qui le composent constituent
une menace pour la démocratie européenne et pour les libertés publiques
européennes.
Il
ne s’agit pas d’affirmer, comme l’écrivent les signataires, que les partis
politiques eurosceptiques souhaitent la disparition de l’Union européenne. Un tel cataclysme ne sera
pas obtenu avant longtemps, mais en réalité, ils veulent la miner et la
contester de l’intérieur, en manipulant les peurs, les angoisses des peuples.
Il s’agit, pour eux, de remettre en cause la manière de vivre entre Européens
dans un espace démocratique et de libre circulation des personnes, des
marchandises des services et des personnes. Les Euroscceptiques veulent que
l’UE disparaisse au profit d’une Europe des Etats souverains, pour y rétablir
les frontières, entre les Etats, les monnaies nationales, et des coopérations
choisies librement entre Etats membres et, en un mot comme en cent : la
guerre. Il ne s’agit pas de la disparition de l’Union européenne, mais de sa
négation radicale en ce qui concerne ce qu’elle a apporté : la paix, les
libertés de circuler, et la constitution d’une zone monétaire commune.
Le
communiqué de presse susvisé ne prend pas en compte l’exacte menace que fait
courir à l’Union européenne la constitution de groupes politiques anti-Union
européenne. Si on devait considérer les 143 députés en question comme un seul
groupe, alors ils constitueraient le 3ème groupe politique du
Parlement européen derrière le groupe de la Droite et du Centre et des Socialistes. Si nous ne répondons pas
aux interrogations des eurosceptiques alors le fossé grandira entre une opinion
publique déboussolée, à la recherche de boucs-émissaires et de solutions
simplistes. Lors du prochain scrutin, ce sont 200 députés européens qui feront
leur entrée au Parlement européen et pourrai en devenir le premier groupe
politique, si les clivages entre eux
disparaissaient.
.
Deuxièmement,
il n’est pas certain que les réponses que prône le MEF France soient
pertinentes. Réclamer toujours plus d’Europe, dans l’optique de constituer une
Europe fédérale constitue un moyen de donner à un pouvoir politique
supranational qui faute de relais nationaux à la hauteur sera perçu comme
toujours plus éloigné des préoccupations des citoyens européens. La
fédéralisation de la zone euro est en marche et déjà bien avancée et l’on voit
les obstacles auxquels elle se heurte. En réalité, il y des niveaux concurrents
et, actuellement, l’Europe qui progresse est celle de l’Europe des Régions et
celle des citoyens, à travers la mise en œuvre de l’Initiative Citoyenne
Européenne, notamment. L’Europe sociale est celle qui peut encore donner quelques
fruits, mais les entretiens du château de Val-Duchesse appartiennent aux
manuels d’histoire.
Troisièmement,
les 11 signataires ont paraphé un texte qui ne comporte pas le mot de
solidarité, ni celui de peuple. Alors, même que, c’est là, le sens profond du
projet du politique européen. Quel niveau ou degré de solidarité les
Etats-membres sont-ils prêts à consentir au profit de l’Union européenne dans
la perspective d’un intérêt général européen et au bénéfice de ses 510 millions
de citoyens ? Quelles sommes chaque Français a-t-il versé pour sauver la
Grèce d’un naufrage économique annoncé ? Quelles disciplines sont les
contreparties de cet effort de solidarité de l’Union européenne ? A quoi
servent les Semaines Sociales de France et son Président, Jérôme Vignon
qui appose sa signature à ce communiqué de presse ?
Quatrièmement,
avant de dire comment agir, il faut savoir reconnaître ses erreurs et les
corriger. L’Union européenne a-t-elle été à la hauteur en Ukraine, à Lampedusa,
lors du renflouement des banques chypriotes, en Grèce de 2010 à nos jours, ou
encore, lors de l’harmonisation des règles fiscales, économiques et sociales au
sein de la zone Euro ? Cet examen de conscience est indispensable à
effectuer avant de répondre aux interrogations de ceux qui se sont prononcés
pour des partis politiques eurosceptiques. Qui s’y attellera ? On peut
déduire de la demande du MEF France d’une « action urgente dans la lutte contre le chômage » ou de « la mise en place dune politique
communautaire de l’immigration sur la
base des besoins des pays membres… » une critique implicite de l’action
de l’UE, mais rien de plus.
En
réalité, ce n’est pas l’exercice des compétences qui est en cause, ce débat
ayant été tranché par le traité de Lisbonne, mais la manière de les exercer et
de les relayer auprès des citoyens de l’Union européenne. Car là où le bât
blesse tient au fait que nos citoyens sont dans une ignorance à peu près totale
des mécanismes de décisions, des politiques et des financements de l’Union
européenne. Cette situation est accentuée quand comme en France les relais
médiatiques de l’action de l’UE son inexistants ou systématiquement
anti-européens.
Si
la réponse démocratique, vise à parvenir à la transparence des réunions des
chefs d’Etat et de Gouvernements, alors je suis inquiet. Connaître les échanges
en direct des 28 Chefs d’Etat et de Gouvernement réunis autour d’une même
table, cela revient à demander, en France, à demander la transparence des
réunions du Conseil des Ministres, dirigé par le Chef de l’Etat, chaque
mercredi ? Qui y songerait ? Ces échanges formels font déjà l’objet
d’un compte-rendu synthétique, de conférences de presses des différents chefs
d’Etat et de commentaires politiques avisés et souvent intéressés. Veut-on
connaître la teneur exacte des déclarations des plus hauts responsables
politiques nationaux ? La diplomatie européenne, c’est aussi une part de
secret nécessaire à la négociation européenne qui est irréductible à l’exercice
de la politique.
Le
Mouvement européen France a perdu une occasion de produire une réflexion
européenne à la hauteur des enjeux actuels, qui ne se limite pas au slogan
« Toujours plus d’Europe »
sachant qu’il convient de préférer « L’Europe
au service des concitoyens ». Il faut passer du prêt à penser sur la
base d’une idéologie aussi séduisante soit-elle, au sur mesure, en comprenant
comment les Européens perçoivent les décisions de leurs élites. C’est le défi
qu’il faut relever. A cet égard, une fois de plus, le niveau européen ne résume
pas l’action de l’UE. Les niveaux nationaux et locaux y contribuent pour
beaucoup. La maîtrise de cet enchevêtrement est indispensable pour traiter des
différents aspects de la construction européenne. Mais, qui tranchera le nœud
gordien ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire
Merci de faire part de vos remarques et commentaires dans le respect de la loi dans un souci de dialogue constructif et respectueux de chacun.
Philippe DELOIRE