dimanche 26 octobre 2014

LA COMMISSION JUNCKER OU LA COMMISSION DE LA DERNIERE CHANCE

1. La Commission Juncker investie par le Parlement européen à une confortable majorité

Ce mercredi 22 octobre 2014, réuni en session plénière, à Strasbourg, le Parlement européen par 423 voix pour, 209 contre, sur 699 votants, a investit le Président de la Commission Juncker et les 27 Commissaires européens pour un mandat de 5 ans. Ce score est inférieur à celui obtenu il y a cinq ans par la Commission Barroso, qui avait été approuvée par 488 voix contre 137.

Un résumé en vidéo sur le site de la Chaîne Parlementaire



La Commission Juncker investie par le Parlement... par LCP

La version intégrale des débats de 9 heures à 13 heures retransmise par la chaîne Public Sénat. 


Vote de confiance par le Parlement sur la... par publicsenat

La Commission Juncker a été approuvée par le Conseil européen lors de sa réunion du 23 octobre 2014, à Bruxelles. 

V http://www.consilium.europa.eu/uedocs/cms_Data/docs/pressdata/en/ec/145353.pdf - en anglais seulement- 

Elle entrera officiellement en fonction, le 1er novembre  2014, comme le prévoit les traités. 


2. Le programme de travail de la Commission Juncker 

Dans son discours prononcé le 22 octobre 2014 devant le Parlement européen de Strasbourg, le nouveau Président de la Commission européenne, le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker a fait savoir que " D'immenses défis nous attendent. A nous de leur donner forme. Si nous voulons jouer un rôle à l'avenir, c'est maintenant qu'il nous faut le jouer". 

Voir le communiqué de presse : http://europa.eu/rapid/press-release_SPEECH-14-705_fr.htm

Il y a urgence à agir déclare le Président de la Commission européenne. Et de citer les initiatives à prendre qui concerneront  3 piliers : "les réformes structurelles, la crédibilité budgétaire et les investissements." 

Au titre des réformes structurelles, figurent la réalisation du marché unique du numérique dont les potentialités ne sont pas exploitées suffisamment, la réalisation de "l'Union de l'énergie" qui vise à développer les investissements pour favoriser la lutte contre le changement climatique et asseoir l'indépendance énergétique de l'UE.

Au titre de la crédibilité budgétaire, le Président de la Commission européenne, lors d'un voyage en Grèce, le 4 août 2014, estimait que l'Europe n'avait pas encore passé le cap de la crise et que la rigueur budgétaire et la crédibilité financière demeuraient indispensables tout en oeuvrant pour la croissance. A cet égard, les 5 lettres envoyées aux pays qui ne respectent pas le déficit budgétaire de moins 3% du PIB, dont la France, montrent le sérieux de la Commission européenne dans son rôle de gardienne des traités. 

Les investissements renvoient aux 300 milliards d'€ dont le train de mesures sera soumis au Parlement européen avant Noël. Un cadeau de Noël pour l'UE dont on ne connait pas encore les contours exacts. L'origine des fonds ? Il se dit que l'enveloppe pourrait être constituée de fléchage de crédits du CFP - Cadre Financier Pluriannuel - 2014-2020 jugés non stratégiques, d'un accroissement du rôle de la BEI (Banque Européenne d'Investissement) sans toutefois augmenter son capital, (Voir l'entretien de Pierre Moscovi sur RTL le 26.10.2014 dans l'émission le Grand Jury :  http://www.dailymotion.com/video/x28obls_pierre-moscovici-au-grand-jury-rtl-le-figaro-lci-du-26-octobre-2014_news) et d'investissements du secteur privé. Leur affectation ? Des investissements structurants comme le soutien à la transition écologique, au marché unique numérique et aux nouvelles technologies innovantes. 

C'est une Commission en action pour remettre l'Europe en marche qui s'est présentée devant le Parlement européen le 22 octobre. Au delà de ce discours volontariste que faut-il en penser ? 

3. La Commission Juncker représente t-elle un renouveau ? 

La nouvelle Commission européenne n'aura pas de difficultés à faire oublier les Commissions Barroso 1 et 2, tant son président atlantiste a été au service des Etats et n'a pas joué son rôle précurseur pour faire avancer l'Europe comme l'avait fait Jacques Delors (1985-1994). Le discours testament du Président Barroso a été prononcé devant le Parlement européen face à un hémicycle aux trois-quarts vide, ultime humiliation sur ce long chemin de croix qui s'est résumé à un plaidoyer pro domo. Le texte : http://europa.eu/rapid/press-release_SPEECH-14-707_fr.htm 

Le Président possède trois atouts principaux.

A 59 ans, ce fin connaisseur des arcanes européennes, à travers les différentes fonctions exercées au plus haut niveau européen (ancien Président de l'Eurogroupe 2005-2013) n'a plus rien à perdre sinon inscrire son nom dans l'histoire de l'Union européenne en redressant l'économie en faisant de la réduction du chômage de masse son objectif n°1. Le désintéressement politicien doit lui permettre de concentrer l'UE sur l'essentiel en laissant de côté l'accessoire défini comme une réglementation européenne exagérément tatillonne qui fait les choux gras des eurosceptiques et des europhobes. Une UE renforcée qui rattrape son retard dans le domaine de l'investissement public redevient attractive pour ses élites polyglottes et entreprenantes. 

Jean-Claude Juncker n'était le candidat d'aucun gouvernement. C'est peu dire qu'il n'était pas le candidat de Mme Angela Merkel, la Chancelière allemande, (Voir l'article d'Euractiv à ce sujet : http://www.euractiv.fr/eu-elections-2014/pourquoi-angela-merkel-ne-veut-p-news-532702), pas plus que celui de la France et encore moins celui de la Grande-Bretagne. Les conditions de sa désignation lui confère une grande marge de manoeuvre à l'égard des Etats-membres.

Enfin, il a une conscience aiguë que les 5 ans qui lui sont donnés doivent lui permettre de rendre l'Union européenne à nouveau populaire en obtenant le plus rapidement possible des résultats tangibles qui parlent d'eux-mêmes. La présence au sein de l'hémicycle européen d'environ 140 députés eurosceptiques ou europhobes soit près de 20% du nombre total de parlementaires change la donne politique. Un nouvel échec signerai la montée de l'antieuropéanisme primaire sous toutes ses formes et l'effacement de l'Union européenne qui continuerait à faire semblant à travers des institutions politiques démonétisées et des politiques aggravant la vie quotidienne des Européens. 

Cette triple conjonction laisse au Président Juncker une fenêtre de tir historique qui ne se représentera pas avant longtemps. Au Parlement européen de le soutenir, comme aux Etats qui comprennent que l'action de l'Union peut les aider dans leur volonté réformatrice pour faire de l'Europe un continent solidaire qui offre à ses habitants le maintien des valeurs démocratiques capables de faire leurs preuves, y compris dans la tempête.  

. Qui est Jean-Claude Juncker ?

Un court portrait de Jean-Claude Juncker par Kathia Gilder de LCP: 
  http://www.lcp.fr/kathia-gilder/2014/06/30/161800-jean-claude-juncker-veteran-europeen

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Philippe DELOIRE