samedi 19 septembre 2009

Mon engagement européen.

Sur proposition de Jean-Pierre Delport, je suis devenu membre du Mouvement européen du Loiret. Aussi, lors du 9 mai 2009, journée de l'Europe, j'ai participé à son Assemblée générale ainsi qu'aux cérémonies organisées par la ville de Saint-Jean-de-la-Ruelle, à l'initiative de son maire, Christophe Chaillou, qui, ce jour là, accueillait les représentants des communes jumelées. Depuis juin dernier, je suis membre du Comité directeur, où je côtoie, entre autres, Yves Clément, Miguel Teixera et Gilles Kounowski. J'y occupe, la fonction de Secrétaire et Gilles Kounowski est le secrétaire-adjoint. C'est l'occasion de travailler sur le thème de l'Union européenne, en transcendant les clivages politiques nationaux. Autour de la table, une seule préoccupation : comment mieux faire connaître l'Union européenne à nos concitoyens. Comment conduire les médias à en traiter, plus souvent, et de manière la plus objective qui soit ?

Il est vrai que la tâche est rude. Depuis 25 ans que je travaille sur les questions européennes, j'ai acquis la conviction que tout doit commencer par l'enseignement. C'est là, à l'université, qu'étudiant en DEA de droit public, en 1983, à Paris V, j'ai suivi un cours sur l'Union européenne. A l'invitation de mon professeur, j'ai rédigé un mémoire sur "le règlement intérieur du Parlement européen". A partir de là, en 1984, ce mémoire m'a servi de bréviaire pour bénéficier, en 1984, d'une Bourse Robert Schuman, c'est-à-dire, d'un stage de 3 mois , à Luxembourg, au sein du Secrétariat Général du Parlement européen. Durant celui-ci, j'ai travaillé sur la contribution britannique au budget communautaire, au moment où Magaret Tchatcher s'écriait "I want my money back !" L'aventure européenne commençait...

Dès lors que l'école enseigne insuffisamment les questions européennes, ou plus exactement, de façon uniquement institutionnelle, géographique et historique, plutôt que de proposer un outil pratique aux élèves pour leurs futurs carrières, cela revient à s'adresser à un public aux connaissances, vagues, incertaines et lacunaires. Et puis, existe-il seulement, un autre sujet, dont les débats politiques passionnés ont conduit des femmes et des hommes politiques à systématiquement caricaturer les positions de l'Union européenne, en traitant, systématiquement, des erreurs commises par la Commission européenne, au lieu de s'intéresser à la politique de l'Union européenne dans son ensemble ?

C'est un bonheur d'être au sein de ce Comité directeur, car durant une heure ou deux, je parle "ma langue", celle dont je possède un peu plus que les rudiments après 25 d'expérience professionnelle sur ce sujet.

Il faut dire que chercher à maîtriser une matière aussi dense et diverse, cela implique, d'abord, d'abandonner toute référence nationale. Lors que je commençai une forme, parfois, je paraphrasai Dante dont la première phrase de l'Enfer est : "Vous qui entrez ici, abandonnez toute espérance." Vous qui voulez vous intéressez à l'Europe, abandonner toute vos connaissances sur votre pays. Faites la place à ces concepts européens qui ont leurs propres logiques, leurs propres grammaires, leurs propres histoires. En d'autres termes, comme on a coutume de dire, l'Europe, ce n'est pas la France en plus grand. Nous ne sommes plus à l'époque napoléonienne. Il ne s'agit pas d'exporter nos modes de pensées et de convaincre nos partenaires européens qu'ils doivent se rallier au panache blanc de nos idées lumineuses.

L'Union européenne, c'est un continent, proche du séisme et du psychodrame qui a choisi de plus longtemps, la crise, comme mode de gouvernement. C'est une construction politique, en tension permanente, entre les intérêts nationaux et l'intérêt général européen, entre les fédéralistes et les nationalistes, entre les pragmatiques et les idéalistes, entre les petits pays et les grands, entre la Commission, le Parlement et le Conseil, où tout se décide au sein de ce triangle institutionnel, quand la Cour ne rend pas des arrêts qui font d'elle un colégislateur, entre l'Europe du Nord, sage, sérieuse, austère, et l'Europe du Sud, fantasque, versatile et détendue. On pourrait continuer longtemps encore à cet exercice d'oppositions, en ajoutant les tenants du libéralisme au sens anglo-saxon de ceux qui comme l'Allemagne prône l'économie sociale de marché ou ceux qui sont les adeptes de la régulation, par temps de crise.

Dans l'Union européenne, moins qu'ailleurs, rien n'est acquis. Tout se discute, tout se négocie pied à pied, le compromis politique y est roi, les lobbyistes puissants sont les maîtres du jeu, sauf lorsque quelques grains de sables portés par l'opinion viennent contrarier ces machines à fabriquer du consensus. La langue de travail est l'anglais. Un anglais pas toujours très académique, mais toujours très européen.

L'Union a forgé ses propres concepts qui rythment les raisonnements de tout à chacun. Principe de subsidiarité, principe d'applicabilité directe, stratégie de Lisbonne, compromis de Luxembourg... et tant d'autres. Elle n'est pas le produit d'un système de pensée abstrait, reposant sur un ensemble de concepts, elle est surtout le produit d'une histoire. Elle produit des références historiques qui servent de balises aux actions à mener. Dans quelques jours, le Président José Manuel Durao Barrosso se représentera pour un mandat de 5 ans en cherchant à obtenir l'investiture du Parlement européen, élu le 13 juin 2009. Il ne s'agit plus d'une formalité comme par le passé, qui résulterait des choix exprimés par chacun des groupes politiques parlementaires. Non, nous allons être en présence d'une théâtralisation de l'enjeu par les médias, car c'est bien le bilan et le style de gouvernement du Président de la Commission qui est critiqué par ses opposants. Il faut y voir la personnalisation du pouvoir, mais aussi vers un renforcement des pouvoirs du Parlement européen, pas seulement par le traité de Lisbonne, mais parce que les parlementaires prennent d'autant plus au sérieux leur rôle de censeur que dans le passé ils ont eu le sentiment d'être maltraités par la Commission européenne. L'heure des comptes avait sonné en mars 1999, lorsque la Commission de Jacques Santer avait démissionné sous la menace du vote d'une motion de censure par le Parlement européen, la semaine suivante.

Cette fois-ci, même si José Manuel Barosso n'a pas toutes les qualités requises, il reste que l'opposition à sa politique éprouve des difficultés à sortir de son chapeau, l'oiseau rare, capable de lui succéder. Faute d'adversaire crédible, il sera élu. Aussi, à l'avenir, pour faire carrière, au niveau européen, il faudra s'imposer dans son propre pays, mais aussi, être connu et apprécié des autres Etats membres pour qu'une majorité de suffrages se dégage sur ce nom là. La prime sera donnée à une personnalité polyglotte, consciente des enjeux européens et mondiaux, habile négociateur et doué d'un sens de la communication. Pas besoin d'envoyer un curriculum vitae, le nom sera connu à l'avance ...Le minimum exigé, c'est bien sûr d'avoir foi dans la construction européenne, dans son utilité, ses atouts et ses hommes. Sinon, inutile de siéger dans ce genre de cénacle, car c'est prendre le risque de s'y ennuyer fermement.

Enfin , plus qu'ailleurs, l'Europe est un combat, car plus que sur tout autre sujet, il existe des partis qui remettent en cause sa propre existence, ou lui dénie le droit d'agir dans l'intérêt général européen parce qu'elle contrarierait des intérêts nationaux éminents. Elle doit, plus que tout autre justifier ses choix politiques, repousser les arguments péremptoires et mettre en avant sa bonne foi. Mais, il faut reconnaître que souvent elle est empruntée, maladroite, débordante de bonnes intentions, au point de se prendre les pieds dans le tapis.

Penser à l'échelle européenne, c'est réfléchir à la force d'un ensemble géopolitique qui de loin est perçu comme une puissance en devenir. Car dans les années à venir, c'est le poids que pèsera l'Union dans les relations internationales qui sera déterminant. Cela implique une Union forte et rassemblée et que se dégage petit à petit une opinion publique européenne qui accompagne cette évolution vers une forme d'Europe puissance. Et enfin, l'Union européenne ne se donne pas au premier venu, ne se livre pas d'un simple coup d'oeil, elle exige un long investissement pour mettre en place le morceaux du puzzle, son histoire, ses politiques, ses financements, ses hommes, ses projets qui petit à petit donne un sens à géométrie variable à la seule idée neuve du siècle passé.

On aura compris que je me reconnais dans l’action obstinée du Mouvement européen (*) dont le but est de « développer dans le peuple français la prise de conscience de l’Europe et de la communauté de destin des peuples qui la composent. »

* http://www.mouvement-europeen.eu/

2 commentaires:

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Philippe DELOIRE