Ce samedi 9 janvier 2010, à l'invitation de mon amie Bakhta Chinoune, je me suis rendu à la salle Albert Camus, à Orléans, assister à la conférence de l'imam Tareq Oubrou qui était l'invité de l'association Ouverture (1), qui, comme son nom l'indique, prône un Islam ouvert sur le monde et les autres.
La salle était composée essentiellement composée de musulmans qui ont pris place, comme dans une mosquée, d'un côté, les hommes, de l'autre, les femmes, ce qui a fait réagir l'imam, au cours de sa conférence, pour montrer la prégnance des préceptes islamiques y compris pour une conférence.
Tareq Oubrou est l'auteur d'un livre intitulé "Profession Imam" qui vient de paraître où il explique sur ummatv que l'imam doit concilier une double culture, celle liée à sa connaissance théologique de l'Islam, et celle du pays d'accueil, à sa voir les réalités rencontrés, en l'occurrence, en France.
http://oummatv.tv/Tareq-Oubrou-Un-imam-doit-etre
Sa conférence avait pour titre "Enracinement et ouverture". Le prospectus distribué à l 'entrée annonçait ! "Tareq Oubrou se propose de nous faire voyager afin de nous montrer et de nous démontrer notre profond enracinement à cette terre , à ce territoire : la France.
La conscience de cet enracinement est alors un préalable à l'ouverture vers l'autre qui devient finalement un frère, au sens où il partage une chose avec vous : cette terre et son destin."
1. Un Islam qui doit s'adapter aux réalités françaises, faute de devoir disparaître.
Tareq Oubrou, l'avoue, lors de cette conférence, il fut un temps où il pratiquait une lecture littérale du Coran, avant de comprendre que cette conception revenait à l'isoler au sein de la Communauté française.
Aussi, il admit que persévérer dans cette voie, cela revenait, à terme, à faire disparaître l'Islam du paysage religieux français. Un islam recroquevillé sur ses textes fondateurs, ses pratiques, sa culture, c'était maintenir un entre nous, et se comporter comme une forteresse assiégée par la modernité française et au vent de liberté que porte les valeurs de la société de consommation.
Aussi, le raisonnement de Tareq Oubrou consiste à affirmer que pour que l'Islam survive dans une société laïque et sécularisée, il doit s'adapter et éviter une crispation identitaire.
Cette adaptation, dans la vie quotidienne, se traduit par le rappel que le port du foulard islamique est une prescription mineure selon le Coran et qu'une jeune fille ou une jeune femme qui ne porterait pas le voile ne serait pas pour autant une mauvaise musulmane, dès lors qu'elle met en pratique les enseignements du Coran, religion de paix au service des plus pauvres.
Dans un article du Monde du 4 décembre 2009, il s'exprime en ces termes :" Si je voulais être provocateur, je pourrais dire aux femmes : mets ton foulard dans ta poche. Aujourd'hui, je dis que c'est une recommandation implicite qui correspond à une éthique de pudeur du moment coranique. Pour autant, une femme qui ne le met pas ne commet pas de faute. Mais, aujourd'hui, la communauté musulmane est fragile, et s'attache à des adjuvants et à des normes. C'est aberrant de réduire une femme musulmane à son foulard ; c'est de l'ignorance. Le foulard n'est pas un objet cultuel, encore moins un symbole de sacré. En outre, cette visibilité est néfaste car, à long terme, cette pratique pose des problèmes spirituels et psychologiques aux femmes qui veulent étudier ou travailler. Je n'ai pas le droit de tromper ces jeunes filles. Le problème, c'est que lorsqu'elles enlèvent le foulard, elles arrêtent aussi de prier. Cela dit, je crois que chacun est libre de s'habiller comme il veut, de choisir la lecture de l'islam qui lui convient, même si je ne la partage pas."
http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/10/15/tareq-oubrou-les-musulmans-doivent-adapter-leurs-pratiques-a-la-societe-francaise_1254356_3224.html
Il fait remarquer, à cet égard, que " En outre, l'islamophobie est parfois développée par des musulmans eux-mêmes qui, par leur comportement et leur visibilité, peuvent faire peur à nos concitoyens non musulmans. " En d'autres termes, des musulmans ou musulmanes qui affichent leur religion de façon visible et parfois ostensible peuvent choquer des Français qui considèrent que dans une société laïque les individus ne se définissent pas, d'abord, par leur religion mais par ce qu'il sont et font dans leur vie.
2. Un effort commun pour apprendre à mieux se connaître et à s'accepter.
2.1. De la part des musulmans.
Le Recteur de la Mosquée de Bordeaux, dans cette conférence, invite les Musulmans à aller vers les non-musulmans pour se présenter, leur parler, chercher à mieux les connaître. Cela fait partie de l'ouverture et du mouvement vers l'autre, qui selon la terminologie islamique peut devenir un frère ou une soeur au delà de la simple pratique religieuse. Se faire accepter par les Français, majoritairement catholiques, qui loin des clichés véhiculés par les médias sur les Musulmans, sont capable de faire preuve de s'intéresser aux Musulmans et de les accueillir, c'est admettre que la religion musulmane n'est pas un obstacle à une bonne entente entre musulmans et non-musulmans. Au demeurant, Tareq Oubrou rappelle qu'à son arrivée en France, venant du Maroc, il a été accueilli par les Français qu'il a rencontrés.
2.2. De la part des non-musulmans.
Mais, naturellement, il nous appartient aussi de dépasser les clichés sur les musulmans, sachant que les médias présentent le plus souvent un Islam violent et sectaire qui va des actions terroristes menées par Al Quaïda en passant, en banlieue, par l'histoire du frère qui fait brûler sa soeur parce que la liberté qu'elle prenait dans sa vie quotidienne ne lui convenait pas ou encore lorsque des mariages forcés ou des excisions ont lieu. Mais, trop rarement, les tenants d'un Islam dit modéré ont voix au chapitre.
Le Recteur Tareq Oubrou indique aussi qu'il convient d'éviter les pièges médiatiques, comme suite au référendum helvète, la question de la place des minarets dans l'architecture des mosquées construire ou à construire, en France. Ils ne peuvent qu'attiser les incompréhensions et malentendus à l'égard des Musulmans et des non-musulmans.
Dans un article du Figaro du 29 novembre 2009, intitulé "Débat chez les imans de France sur les minarets", Cécilia Gabizon note la position minoritaire de Tareq Oubrou parmi les responsables de l'UOIF - Union Organisations Islamiques de France). Elle écrit : "Le minaret n'est pas une obligation coranique. C'est une architecture traditionnelle pour appeler à la prière dans les pays musulmans. Il n'est absolument pas nécessaire en France. Il est même déplacé», affirme l'imam de Bordeaux, Tareq Oubrou. Lui a sciemment écarté cette tour du projet de grande mosquée de sa ville. «Dans le climat actuel, le minaret est perçu comme un défi. Pour éviter de réveiller les peurs et les intégrismes, je milite pour une présence discrète de l'islam.»
3. Un exemple médiatique de dialogue : le débat entre Alain Soral (2) et Tareq Oubrou.
Ce débat en vidéo montre que par des chemins et un raisonnement différent, les deux intervenants parviennent au même constat. La religion musulmane pratiquée de façon intelligent et souple est compatible avec les valeurs de la République.
Ce qui est intéressant, c'est que ces deux hommes sont des convertis. Partis de positions doctrinales figées et sectaires, ils ont sûr cheminer pour comprendre la nécessité de positions tolérantes qui fait la place à l'opinion de l'autre.
Alain Soral débat avec Tareq Oubrou 1/2
envoyé par ERTV. - L'info video en direct.
En résumé, une conférence passionnante par un orateur sachant manier l'humour et la provocation pour faire réagir son auditoire et lui ouvrir de nouveaux horizons.
(1) Association Ouverture.
15, place du Général de Gaulle
45000 Orléans
Secrétariat : 06.50.67.85.12.
Courriel : ouverture45@gmail.com
(2) Voir son interview du 29 janvier 2004 à Oumma.com " La culture musulmane produit des hommes élevés dans des valeurs." http://oumma.com/Interview-de-l-ecrivain-Alain
> [le voile] est une recommandation implicite qui correspond à une éthique de pudeur du moment coranique.
RépondreSupprimerUne recommandation IMPLICITE !? Il suffit d'ouvrir un coran et de LIRE le verset 57 (ou 59, selon les versions) de la sourate 33 du coran pour CONSTATER que c'est une recommandation EXPLICITE.
Dire que c'est une recommandation implicite est tout simplement un bon gros MENSONGE.
> la religion musulmane n'est pas un obstacle à une bonne entente entre musulmans et non-musulmans.
A condition qu'ils n'appliquent pas le coran, par exemple les versets suivants :
Sourate 3, verset 114 [ou 118] :
0 croyants ! ne formez de liaisons intimes qu'entre vous ; les infidèles ne manqueraient pas de vous corrompre : ils désirent votre perte. Leur haine perce dans leurs paroles ; mais ce que leurs coeurs recèlent est pire encore.
Sourate 6, verset 67 [ou 68] :
Lorsque tu vois les incrédules entamer la conversation sur nos enseignements, éloigne-toi d’eux jusqu’à ce qu’ils entament une autre matière. Satan peut te faire oublier ce précepte. Aussitôt que tu t'en ressouviendras, ne reste pas avec les méchants.
Sourate 9 verset 5 : Les mois sacrés expirés tuez les idolâtres partout où vous les trouverez, faites-les prisonniers, assiégez-les et guettez-les dans toute embuscade
verset 29 : Faites la guerre à ceux qui ne croient point en Dieu ni au jour dernier, qui ne regardent point comme défendu ce que Dieu et son Apôtre ont défendu, et à ceux d'entre les hommes des Ecritures qui ne professent pas la vraie religion. Faites-leur la guerre jusqu'à ce qu'ils payent le tribu de leurs propres mains et qu'ils soient soumis.
et il y a une foultitude d'autres versets de la même veine !
L'ennui c'est que des musulmans qui n'appliquent pas le coran c'est un peu comme de l'eau déshydratée...
> il convient d'éviter les pièges médiatiques, comme suite au référendum hélvète
Si les Suisses avaient voté l'acceptation des minarets, on nous aurait expliqué à quel point le système démocratique Suisse était le summum de la démocratie. Ils ont voté le refus et on nous explique que ce même système suisse est un piège médiatique, cherchez l'erreur.
En réalité, le piège médiatique c'est de REFUSER de poser des questions.
> une conférence passionnante
A l'une des prochaines conférences, il faudra que quelqu'un demande à cet imam pourquoi il ne parle jamais du verset 57[59] de la sourate 33, ni des autres cités ci-dessus, ce sera encore plus passionnant.